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Vous y trouverez le texte de mes prédications.
Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

dimanche 12 juin 2016

Prédication du 12 juin 2016 : culte de baptême - Témoignage de Timothée (2 Timothée 1.13-14)





(Nous venons d’entendre le témoignage d’H, S, N et M). 

Avant les baptêmes, je voudrais inviter encore quelqu’un d’autre à témoigner. Un garçon cette fois : un certain… Timothée. 
Si vous avez un peu l’habitude de lire la Bible, vous connaissez son nom car c’est à lui que l’apôtre Paul a écrit les deux lettres qui sont maintenant dans le Nouveau Testament. 

Je voudrais évoquer avec vous son parcours, ce matin. 

Pourquoi inviter Timothée, aujourd’hui précisément, alors que nous allons célébrer des baptêmes ? 

D’abord parce que malgré la distance historique et culturelle, le parcours de ce jeune homme, né en Turquie au début du premier millénaire, présente certains échos avec celui de nos baptisées.  (Lui aussi, un jeune grandi dans une église). 

Parce qu’il est aussi l’exemple d’une vie transformée en profondeur par la rencontre avec Jésus-Christ.

Et enfin parce qu’il est le destinataire de ce conseil de l’apôtre Paul, que je voudrais laisser à nos baptisées :

« Prends pour modèle les saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour qui sont en Jésus-Christ. Grâce au Saint-Esprit qui habite en nous, garde le beau dépôt qui t'a été confié ».

Paul lui écrit ceci alors qu’il est en prison à Rome. L’apôtre sait qu’il va bientôt mourir et il écrit à Timothée, son fils spirituel, pour lui laisser en quelque sorte son testament, résumé par ces mots.
« Garde le beau dépôt qui t’a été confié ». 

En grec, ces mots sont très forts, parce que le mot traduit par « le dépôt » désigne quelque chose de très précieux qu’on va confier à quelqu’un en qui on a totalement confiance. 
On lui laisse un trésor parce que non seulement il saura le garder, mais aussi en faire bon usage. 

Pour Paul ce « beau dépôt », c’est d’abord la connaissance de l’Evangile, la connaissance de Dieu et de son amour, la connaissance de Jésus-Christ.  
Mais comment Timothée l’a t-il reçu ? En quoi cela consiste-t’il ? Et dans quel but cela lui a été confié ?
C’est là que son parcours va nous intéresser. Peut-être vous retrouverez vous un peu dans ce qu’il a vécu ? Que ça puisse être une source d’encouragement pour vous.

A. On peut dire pour commencer que la transmission du « beau dépôt » a commencé dés la jeunesse de Timothée, car il est né dans une famille de croyants. 

Attention, ce n’était pas une tradition familiale, parce qu’au début, personne n’était chrétien chez lui. Son père, en bon grec, avait plutôt l’habitude de se tourner vers les dieux de l’Olympe pour obtenir protection et bénédiction. Mais sa mère était juive, et grâce à elle il a quand même grandi dans la foi en Dieu : dès son plus jeune âge, on lui a enseigné l’histoire du peuple d’Israël. A l’âge d’Arc-En-Ciel, il a appris à connaître l’amour et la fidélité de Dieu, celui qui a créé le monde et les animaux. A celui de l’EDD, on lui a fait découvrir Abraham, Moïse, David, tous ces grands témoins de la foi. On lui a appris à respecter et aimer ce Dieu fidèle et juste, qui s’est révélé à des rois et des bergers, des guerriers et des mères de famille… 
C’était déjà un beau bagage de départ dans la vie. 

Cependant  il n’a découvert Jésus que lorsque Paul, l’évangéliste, est arrivé dans sa petite ville, Lystre, au fin fond de la campagne turque. Paul a parlé d’un certain Jésus, racontant tous les miracles qu’il avait faits. Il disait : « nous vous annonçons cette bonne nouvelle : la promesse faite à nos ancêtres, Dieu l'a accomplie pour nous, leurs descendants, en ressuscitant Jésus… et c'est par lui que toute personne qui croit est libérée de toutes les fautes ! » (Actes 13.33;39).
Pour couronner le tout, Paul a guéri un homme qui était paralysé depuis toujours, rien qu’en invoquant le nom de Jésus ! 
Tout ça a profondément touché la grand-mère de Timothée, Loïs, et sa mère Eunice, qui ont cru en Jésus et se sont converties. 
De son côté, Timothée a dû mettre plus de temps avant de croire que Jésus était bien Dieu lui-même, et que sa mort était un sacrifice d’amour pour lui. A l’adolescence, ce n’est pas toujours évident de démêler ce qui vient de notre éducation de ce qui est personnel, n’est-ce pas ? 
Il lui a fallu du temps sans doute pour accepter que Dieu l’aime personnellement, et qu’il cherchait une relation avec lui en particulier.
Ce« beau dépôt » que sa famille et son église lui ont transmis n’était pas quelque chose qui le coinçait dans sa liberté de choix, comme si l’Evangile était une croyance parmi d’autres, ou un conditionnement familial. Il lui est peut-être arrivé de penser cela, vu le nombre de croyances différentes qui se mêlaient autour de la Méditerranée ! 
Mais il avait beau être jeune, il ne pouvait pas ne pas voir que croire en Jésus, ça avait changé quelque chose dans la vie des gens autour de lui. Rien d’extraordinaire ou de spectaculaire, non. Mais quelque chose de profond. Peut-être qu’il demandait à Dieu de se révéler à lui, et je crois qu’il l’a fait au travers de tous ces gens imparfaits mais sincères qui faisaient partie de sa vie. Certainement que la foi simple des gens de son Eglise, dans sa petite ville de Turquie, l’a interpellé : ils en avaient, du courage de prier Jésus, alors qu’ils risquaient de se faire lapider pour ça, comme Paul la première fois qu’il est venu !

Pour le reste, rien ne dit que Timothée ait fait des expériences spirituelles fracassantes. Certainement, comme nous tous, il a avancé dans la foi un peu comme on marche sur un lac gelé, par petits pas timides, en testant la solidité du sol au fur et à mesure - et ça tenait ! 

> IDEM pour nos baptisées. Quand on « baigne dedans » depuis toujours, il n’est pas toujours évident de savoir quand on a commencé à s’éloigner du bord pour marcher par soi-même dans la foi.
On avance doucement, et un jour, il est beau aussi de se retourner et de voir que d’un petit pas à l’autre, on a bien avancé sur la glace, quand même. 
Le baptême, alors, est un signe pour marquer cette étape, poser un jalon dans le parcours, et dire : je choisis librement et volontairement de poursuivre la route avec Dieu. C’est aussi simple que cela.
(Rassurez vous, le baptême n’aura pas lieu dans l’eau gelée qui est sous la glace !). 

B. Ensuite, dans le « beau dépôt » que Dieu a confié à Dieu dès sa jeunesse, Timothée a reçu aussi autre chose : des dons. 

Ainsi le livre des Actes laisse entendre que son Eglise l’a encouragé à developper le potentiel qui était en lui. Il semble qu’il ait toujours été quelqu’un d’un peu timide, qui avait besoin d’encouragements.
Malgré sa discrétion, les autres ont vu son potentiel : et quand Paul est repassé dans la ville, quelques années après, les gens de l’Eglise lui ont parlé de Timothée. Ils en ont dit tellement de bien que Paul a décidé de l’emmener avec lui dans son voyage missionnaire. 
Pour la petite Eglise qui l’avait formé, et où il avait des responsabilités, c’était une énorme perte ! Mais ils l’ont laissé partir, parce que c’était pour le Seigneur, pour la croissance de l’Evangile.
Je crois que c’est aussi ça, le rôle d’une Eglise locale : enseigner la Parole de Dieu, témoigner sans mettre de pression d’une foi vivante, et puis accompagner les jeunes dans leur propre parcours et les encourager à développer leur potentiel. Sans chercher forcément à les retenir - mais sans les mettre dehors non plus !
Après, ils suivront leur route, mais quoi qu’il arrive, Dieu ne les abandonnera jamais. 
C’est un acte de foi difficile pour les parents et pour toute l’Eglise, mais il est nécessaire. 
D’une certaine manière, le baptême est aussi une façon de reconnaître que le jeune, maintenant, vole de ses propres ailes avec Dieu ! 
Pour Timothée qui n’avait jamais quitté Lystre, la proposition de Paul était une occasion de faire ce pas supplémentaire avec Dieu, un pas personnel concret comme celui que font M, S, N et H aujourd’hui - un pas de plus sur le chemin que Dieu ouvrait pour lui, et qu’il ouvre pour vous, avec vous.

Devant une telle demande, on imagine que Timothée a dû hésiter, discuter, prier, et puis  finalement il a accepté. Avancer sur la glace, ça fait parfois peur ! 
Paul quant à lui a fait confiance à la fois aux chrétiens de Lystre et au jeune Timothée, que malgré sa jeunesse il a jugé digne de « garder le beau dépôt » du message de l’Evangile. Imitons-le, nous les chrétiens plus âgés : Dieu a confiance dans les jeunes, encourageons les nous aussi en leur donnant l’opportunité de s’engager ! 

C. Timothée est donc parti avec Paul. La suite, c’est une longue histoire. Paul, Timothée et leurs compagnons ont voyagé dans tout le bassin méditerranéen. Arrivés dans la ville d’Ephèse, où une église était née, ils ont dû se séparer et ne se sont jamais revus. Peu à peu, Timothée est devenu responsable de l’Eglis, il a dû transmettre ce qu’il avait reçu - et  dans une ville qui vivait du business d’amulettes et de statuettes de la déesse Artémis, pas facile !

Mais pour grandir dans la foi, il devait faire ses expériences
Les lettres de Paul montrent que Timothée s’est souvent découragé, mais que Dieu l’a soutenu, notamment au travers des autres chrétiens. 
Paul qui avait reçu le « beau dépôt » directement de Jésus qui lui était apparu sur le chemin de Damas encourageait Timothée en disant : « Je sais bien en qui j'ai placé ma foi ».
Alors comme lui, Timothée a fait ce qu’il a pu, et Dieu l’a porté :
« Grâce au Saint-Esprit qui habite en nous, garde le beau dépôt qui t'a été confié ».
Parce que sans le Saint-Esprit, qui est Dieu lui-même, rien n’est possible. Ni croire, ni continuer à croire. 
Les chrétiens avec qui Timothée a  voyagé mettaient leur confiance dans le Saint-Esprit pour tout : Paul, le premier, avançait à l’écoute de Dieu pour savoir où aller, pour savoir quoi dire, pour aimer les autres…. Paul avançait lui aussi comme s’il marchait sur la glace, tout apôtre qu’il était. 
Sur la glace, on ne peut pas courir ! Il faut écouter si par hasard ça ne craque pas sous nos pieds, mais avancer quand même avec conviction, un pas après l’autre. Et comme ça, on peut aller loin ! 
C’est bien ce qui est arrivé à Timothée : quand il a quitté sa petite ville de Lystres pour continuer sa route avec Dieu, jamais il n’aurait imaginé tout ce qu’il a vécu ensuite. Croyez moi, la vie avec Dieu, c’est une magnifique aventure. Il a rencontré tant de « belles personnes », vu des vies transformées. Il a vu comment Dieu mettait de l’amour et de la paix là où il y avait la confusion, la peur, les tensions - ce même amour qui transparaît dans tout ce que Jésus a dit, dans sa façon de parler aux gens, de faire attention à chacun, de respecter toutes les personnes - et en même temps de leur ouvrir des horizons nouveaux ! 
Peut-être qu’au final, c’est cet amour-là, le « beau dépôt » - un amour inépuisable, à partager et à vivre, simplement. Cet amour parfait qui nous attend au bout du voyage, dans la présence de Dieu. 

Alors si vous sentez l’appel du large, vous aussi, faites un premier pas. 
L’Esprit de Dieu aide toujours ceux qui cherchent Dieu sincèrement. 
Même si vous n’avez pas reçu le « beau dépôt » dans votre jeunesse, dans votre famille, même si jusqu’à aujourd’hui vous n’aviez jamais entendu parler de tout cela, l’invitation est pour vous : Dieu veut vous donner son amour, à vous aussi. 
Dieu vous invite vers lui. Il a fait le chemin jusqu’à vous, et n’attend plus qu’un pas de votre part. 
Il vous suffit de dire « oui » à Dieu, dans une prière sincère. Ce sera votre premier pas sur la glace. Ensuite, il vous aidera à faire le suivant, et puis celui d’après, et puis un autre…

Dieu sait où ça vous mènera !

Amen 



vendredi 10 juin 2016

Prédication du 5 juin 16 - Psaume 25 : "Tendu vers Dieu"




Il y a quelques jours encore, notre pays s’inquiétait du manque de carburant - et l’on commençait à craindre de rester arrêtés, au bord de la route. Il serait intéressant de s’interroger aussi, plus profondément, sur le type de carburant intérieur qui fait avancer ce monde, au delà du pétrole. 
Pour l’apôtre Paul, les choses sont claires : deux dynamiques opposées sont en marche, dans ce monde : celle du monde actuel, qui carbure souvent au doute, à la méfiance et à la rébellion - et celle du monde à venir, le Royaume de Dieu, dont la dynamique positive repose sur la foi, l’espérance et l’amour. 
« Maintenant, ces trois choses restent : la foi, l’espérance et l’amour. Mais c’est l’amour qui est le plus grand » (1 Co 13.13). 

Voilà ce dont nous avons besoin fondamentalement, par dessus le reste : la foi, l’espérance, l’amour : c’est ce que la tradition chrétienne appelle les « vertus théologales ». « Vertus » : étymologiquement, « forces », sources de force ; « théologales » :  qui doivent nous guider dans notre rapport au monde et à Dieu.

La semaine dernière nous vous avons invités à prier et réfléchir autour de ces trois vertus pendant 5 semaines (voir image livret). L’idée n’est pas d’étudier des concepts abstraits, mais de nous laisser remplir de ce carburant intérieur, de rester dans cette dynamique que crée la foi - la confiance en Dieu - qui permet l’espérance - qui elle même permet l’amour. 

La semaine passée était consacrée à la foi. Cette semaine, ce sera l’espérance. (plus tard, l’amour)
C’est pourquoi aujourd’hui, je vous invite à méditer le Psaume 25 qui ouvre le calendrier de lecture. 

A noter : ce psaume écrit par le roi David a une particularité qu’on ne voit pas en français : chacun de ses versets commence par une lettre de l’alphabet hébreu.

Lecture Psaume 25. 

En lisant ce psaume, j’ai pensé à cette parole de Jacques Philippe : « L’essence du combat chrétien, c’est de conserver, grâce à la force de la foi, un regard d’espérance sur toute situation, sur nous-mêmes, sur les autres, sur l’Eglise et le monde, regard d’espérance qui permet de réagir à toute situation en aimant » (La liberté intérieure)

Je trouve que ces paroles résonnent fortement avec la prière de David dans ce psaume. 

Lutter pour conserver un regard d’espérance. Oui, David exprime ici sa confiance et son espérance en Dieu, mais c’est effectivement au prix d’un combat, un combat intérieur contre le découragement, le désespoir des autres qui l’ont trahi, et de lui-même aussi
Un combat dans lequel sa seule force, c’est sa confiance en Dieu, sa foi. C’est cela qui le tient et l’amène à prier.
1. Ce combat contre le découragement commence par un cri poussé vers Dieu : « Vers toi, Seigneur, je m’élève ». Une autre traduction dit : « Seigneur, je suis tendu vers toi ». 
Une autre façon de dire : « je suis là, devant toi, et c’est dur. Regarde ce que je vis, je ne sais plus où j’en suis - mais je viens vers toi ». « Je mets ma confiance en toi ». « Je sais que c’est de ce côté là qu’est la voie, même si ce n’est pas clair ». 
« Mes yeux sont constamment tournés vers le Seigneur », dit aussi David au verset 15. 
Et tout au long du psaume, David va rester ainsi tendu vers Dieu, cherchant à comprendre, cherchant la relation - « espérant Dieu ».  


Il existe une magnifique version chantée de ce psaume, le cantique traditionnel : « vers toi, mon Dieu, mon coeur monte ». La mélodie et le rythme de ce cantique majestueux expriment effectivement la paix et la confiance. Mais il me semble que les paroles de David ici iraient mieux sur une musique plus rock- plus tendue. 
Parce qu’on sent David profondément troublé par une situation difficile, qui le plonge dans la confusion. Au point qu’il semble même plus savoir d’où vient le problème : il y a des ennemis autour de lui, des « traîtres », mais il évoque aussi beaucoup son propre péché, qui ajoute à la confusion. 
Finalement, c’est comme si tous ses appuis se dérobaient. Et dans sa profonde humilité, qui apparaît tout au long du psaume, David doute aussi de lui-même : et si ça venait de moi ? 
On ne sait pas exactement à quelle situation de sa vie David fait allusion - ce n’est pas le choix qui manque dans son histoire ! Il a très bien pu écrire cette prière, par exemple, alors qu’il avait dû fuir dans le désert pour se cacher parce que son fils Absalon voulait le tuer, pour prendre sa place sur le trône. Quelle épreuve pour un père ! Quelle tristesse d’être trahi et rejeté par son propre fils, pour une histoire de pouvoir ! Comment espérer encore en la vie, en les hommes, en Dieu avec ça ? 
Quand on est ainsi confronté directement au mal, contre soi et en soi, l’une des tentations les plus communes est d’envoyer balader toute idée d’un Dieu d’amour. Une autre, fréquente chez les chrétiens, est de rationaliser en fournissant des explications à cette épreuve : « c’est parce que Dieu veut me montrer ceci ou cela ». Ou alors de se culpabiliser à l’excès. 
Mais à travers l’exemple de David, et de beaucoup d’hommes et de femmes, la Bible nous propose une autre voie qui ouvre vers l’espérance : venir devant Dieu avec tout ça - l’incompréhension, la souffrance, la colère, et crier vers lui - lui parler en vérité, parce qu’on ose croire qu’il nous aime et se préoccupe de nous

« Mon Dieu, j’ai mis ma confiance en toi : que je n’aie pas honte ! ». « Je t’espère sans cesse » (v.5).
Au milieu de la confusion, il faut de la foi pour dire : « mes yeux sont constamment tournés vers (toi) », parce qu’en réalité… il n’y a rien à voir ! Vous êtes seul dans votre chambre, dans votre voiture, là où vous priez, et Dieu, où est-il ? La lutte fait rage, dans ces moments-là : est-ce qu’il ne t’aurait pas oublié, ton Dieu ? Est-ce que ça va changer quelque chose que tu pries ? 
Mais David ne lâche pas, et il ouvre librement son coeur, sans retenue : « La détresse a rempli mon coeur : fais-moi sortir de mon désarroi ». « Tourne toi vers moi et fais moi grâce, car je suis seul et pauvre ». « Ne me déçois pas ! » (TOB).

Quelle franchise ! Est-ce que vraiment nous osons nous adresser à Dieu comme cela ? 
Dans le jargon chrétien, on appelle ça : « déposer nos fardeaux au pied de la croix ». Cela sonne très « spirituel », a priori, mais rien n’est plus concret : l’Ancien Testament parle de « répandre son coeur devant Dieu » : poser sur la table tout ce qui pèse, décourage, étouffe notre espérance

Peut-être notre conception un peu trop aseptisée de la prière nous prive d’un tel coeur à coeur avec le Seigneur. P. Baker évoquait la prière « british » très polie, la semaine dernière. 

Philip Yancey dit aussi que dans l’Eglise qu’il fréquente, les prières sont toutes polies, sages, bien formulées, pendant le petit temps de « prière libre », comme on dit. 
Mais il a été marqué par ce jour où, « d’une voix claire mais hésitante », une jeune femme a pris la parole ainsi : « Dieu, je t’ai détesté après l’agression que j’ai subie ! Comment as-tu pu laisser cela arriver ? » « Il y eut un silence soudain dans la salle », écrit Yancey. « On n’entendait ni  bruissement de papiers ni déplacement dans les rangs ». La jeune femme a continué : « Et je détestais les gens de cette église qui essayaient de me réconforter. Je ne voulais pas de réconfort. Je voulais me venger. Faire du mal en retour ». Nouveau silence. « Je te remercie, Dieu, de ne pas m’avoir abandonnée et de ce que certaines personnes m’ont soutenues. Tu as continué à m’entourer et je reviens à toi aujourd’hui pour te demander de guérir les cicatrices de mon coeur » P. Yancey, La prière fait-elle la différence, ed. Farel, p.91


Est-ce que souvent, parce que nous croyons que « ce n’est pas bien », nous n’osons pas dire à Dieu ce qui nous empêche d’avancer avec lui ?  Au risque de rester en panne, au bord de la route, réservoir d’espérance, de foi, d’amour à sec ?   
Au contraire, parce qu’elle avait pu dire à Dieu sa colère, sa douleur, dans un acte de foi profond, cette femme pouvait maintenant retrouver l’espérance. 

Ainsi, alors qu’on pense parfois que la prière est quelque chose qui vient quand ça va bien avec Dieu, ou qu’on a avancé dans notre connaissance de Dieu et notre relation avec lui - David nous montre que c’est le contraire ! Avec Dieu, tout commence par la prière
Elle est est le lieu où la relation se tisse et s’approfondit - comme entre amis : il faut passer du temps ensemble, dans un dialogue honnête, vrai, libre, sans faux semblants, pour qu’une relation profonde se tisse. 

2. Etre « tendu vers Dieu », c’est aussi avoir soif d’une relation d’intimité avec lui. 
David l’exprime à la fin du Psaume (v.21), par ces mots : « je t’espère » (NBS). Une autre traduction dit : « je t’attends » (TOB).
Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’en réalité, David cherche moins une réponse ou une solution à ses problèmes qu’une relation avec Dieu lui-même
Juste Dieu. Juste Sa présence. C’est de cela qu’il a besoin. 
Vous savez comment les enfants sont habiles à chercher la relation avec leurs parents - ça passe parfois par des choses déroutantes - des caprices, des désobéissances, un cadeau qu’on réclame… Mais ce qu’ils cherchent au fond, ce n’est pas le cadeau, c’est l’attention des parents, l’amour des parents. 

Peut-être que ce que David désire le plus, au fond, c’est un signe que Dieu l’aime : « tourne-toi vers moi » ! « Souviens-toi de ta compassion » ! 

Dans la culture de David, l’amour de Dieu s’exprime avec les mots « loyauté », « compassion », « fidélité » : ce sont les termes de l’Alliance que Dieu a conclue avec son peuple par Abraham et Moïse, et puis avec David aussi : « je ferai de toi une grande nation », « je ne t’abandonnerai pas » ; Dieu a promis de libérer ceux qui « tendent » vers lui, de se révéler à eux et de les conduire vers un avenir meilleur : « sa descendance possèdera le pays » (v.13) - promesse de la Terre Promise (pour nous le Royaume Eternel de Dieu, à venir). 
Et même l’expression « cheminer » - « fais moi connaître tes chemins, apprends moi tes voies » signifie en réalité : « suivre la volonté de Dieu dans ses actes et ses pensées ».
Pour nous, lorsque nous prions : « fais moi connaître tes voies », nous disons généralement : « montre moi si je dois accepter cette mutation professionnelle à Nantes ou pas » ; « montre moi si je dois me marier avec Rebecca ou Ruth », etc. 
Nous avons demandé cela à Dieu vendredi soir (RL 2020) : montre nous quelles décisions nous devons prendre pour l’avenir de cette Eglise.

Bien sûr il est légitime de poser ce type de questions à Dieu. Mais il est beau de mettre aussi dans ces paroles le sens plus profond que David leur donne : « fais moi connaître tes voies », ça veut dire : « change mon coeur. Rends moi comme toi. Harmonise mes pensées, mes actes, ma volonté avec la tienne ». 
Avec le désir d’une relation d’amour et de communion avec Dieu. Une relation comme celle de Jésus le Fils avec Dieu son Père : « je suis dans le Père, et le Père est en moi » (Jean 14.11).

Autrement, on pourrait rester en surface dans la relation - priant Dieu dans les grands carrefours de notre vie, quand on a bien peur de prendre des risques, et vivant comme de parfaits athées le reste du temps. 
Vivre ainsi, c’est se priver de cette communion que Dieu nous offre gratuitement, par Jésus, ce face à face simple et honnête dans la prière. C’est se couper de la source éternelle de l’espérance et de l’amour. 
Dans la prière, Dieu nous offre un lieu pour à la fois déposer ce qui nous pèse et renouveler notre espérance, renouveler notre confiance en lui, remplir notre réservoir d’amour dans sa présence. 

3. 
Enfin, être tendu vers Dieu c’est retrouver l’espérance en se remémorant, dans la prière, (ou par la Cène), qui est Dieu, quelles sont ses promesses, et ce qu’il a accompli pour nous dans le passé. 
C’est ce que fait David ici, repassant toutes les qualité de Dieu, « son Dieu » - bon et droit, il montre au peuple le chemin. Et il peut « libérer Israël de toutes ses détresses » - c’est la dernière parole du Psaume. 

Ici, ce psaume si personnel nous rejoint aussi en tant que groupe, en tant qu’Eglise. 

Car David se souvient que le Dieu de l’Alliance qui fait plus que s’intéresser de loin aux hommes : il s’est engagé envers « Israël », son peuple. 
Ainsi, en Deutéronome (7.9), au moment où Dieu fait alliance avec Moïse et les Israélites sortis d’Egypte, il leur dit ainsi [DIAPO] :

« 7Ce n'est pas parce que vous surpassez en nombre tous les peuples que le SEIGNEUR s'est épris de vous et qu'il vous a choisis, car vous êtes le plus petit de tous les peuples. 8C'est parce que le SEIGNEUR vous aime, parce qu'il a voulu garder le serment qu'il avait fait à vos pères, que le SEIGNEUR vous a fait sortir, d'une main forte ; il vous a libérés de la maison des esclaves et de la main du pharaon, le roi d'Egypte. 9Tu sauras donc que c'est le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, qui est Dieu, le Dieu digne de confiance, qui garde l'alliance et la fidélité jusqu'à la millième génération envers ceux qui l'aiment et qui observent ses commandements ». 

Voilà pourquoi nous qui ne sommes aussi qu’un « petit peuple », pas encore la « millième génération » mais héritiers de la grâce de Dieu, par Jésus, nous pouvons cultiver et conserver ce regard d’espérance sur nous-mêmes, sur les autres, sur cette ville, parce que notre Dieu est fidèle, « digne de confiance » et qu’il gardera son alliance envers nous. 
Et dans notre désir d’avancer, dans ce temps « Rue Louis 2020 » que nous prenons pour échafauder des projets, nous pouvons aussi avancer humblement mais en confiance - avancer « vers l’autre rive » (cf P. Baker) non sur la base des moyens humains et matériels de notre Eglise, ou parce que notre projet va être parfaitement conçu, ou que sais-je… mais parce que notre Dieu est fidèle !
Devrons nous déménager, aller nous implanter ailleurs, etc. ? La réponse apparaîtra dans la suite du chemin. Dieu nous conduira selon son plan. A lui appartient la réponse à ces questions. 
Quant à nous, notre combat est contre la distraction, le péché, tout ce qui nous détourne de rester tendus vers lui - et tendus ensemble
Notre combat est contre l’auto satisfaction, ou l’auto apitoiement, deux excès : comme David, reconnaissons  honnêtement que nous sommes « pauvres », peu nombreux, mais sans ressasser cette faiblesse, car Dieu est notre force
Demandons humblement pardon pour notre manque de confiance en de zèle, pour nos divisions, car dans sa grâce Dieu se souvient de nous « selon sa propre fidélité ».

Ainsi notre combat est contre le découragement, pour que grandisse notre foi en Dieu, et par là notre amour pour lui, notre amour les uns pour les autres. 
La foi, l’espérance et l’amour sont un avant-goût du Royaume à venir, implanté dans ce monde par l’Esprit qui habite dans le coeur des chrétiens. 
En attendant le retour de Jésus, que l’amour de Dieu pour nous soit notre carburant et notre moteur, car même si nous désespérions de tout, lui conservera toujours sur nous ce regard d’espérance. Il continuera à croire en nous, à miser sur nous, parce qu’il est amour, et que l’amour, comme l’écrit Paul en 1 Corinthiens 13, « croit tout, espère tout, endure tout ». 
« Tous les sentiers du Seigneur sont fidélité et loyauté pour ceux qui gardent son alliance et ses préceptes. Ils reposeront dans le bonheur, et leur descendance possédera le pays ». 

Amen