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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
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lundi 3 octobre 2016

Prédication du dimanche11 septembre 2016 - Luc 2. Luc 2.41-52.


« Ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des maîtres, les écoutant et les interrogeant… »



Nous venons de prier pour les moniteurs jeunesse, à qui est confiée la noble et exigeante responsabilité d’accompagner les enfants et les jeunes sur le chemin de la foi. 
Mais au delà des moniteurs, c’est un défi que l’Eglise dans son ensemble est appelée à relever, elle à qui Dieu a confié la mission de transmettre l’héritage reçu en Jésus-Christ - le transmettre dans le monde, mais aussi en son sein, particulièrement aux plus jeunes. (nous aurons vendredi une soirée de prière spéciale sur cela). 

Transmettre, communiquer, enseigner la foi… en la matière, on ne sait jamais vraiment quel mot utiliser, et c’est révélateur de la complexité du sujet : comment faire ?
Parents, grands-parents, oncles et tantes chrétiens, amis… nous avons à coeur que les enfants découvrent l’amour que Dieu leur porte en Jésus-Christ. Mais comment peut-on les y aider ?
Je voudrais aborder le sujet non pas sous un angle « technique » (d’autant qu’il est bien trop vaste pour le cadre de ce matin), mais à partir de la méditation d’un passage de  l’Evangile de Luc, qui attire notre attention sur le parcours de foi… de Jésus lui-même.

Le parcours de foi de Jésus… L’expression peut étonner certains, à juste titre. Le Fils de Dieu avait-il besoin de catéchisme ? Eh bien aussi étrange que cela puisse paraître, l’évangile de Luc est sans équivoque : oui, même Jésus… a dû recevoir un enseignement religieux ! 
On découvre cela dans un des rares textes qui évoque son enfance - mystérieuse période sur laquelle la Bible ne dit quasiment rien par ailleurs. 
Lecture : Luc 2.41-52.

Cet épisode sonne tellement vrai pour tous les parents qui ont, un jour, « oublié » leur enfant quelque part ! N’essayez pas de faire pareil, on surveille ! 
C’est le dernier que Luc rapporte avant que Jésus, rempli d’Esprit Saint, ne se révèle lui-même au grand public comme le Messie, lors de son baptême par Jean-Baptiste (chapitre 4).

Luc, avant et après ce passage, souligne le fait qu’avant de commencer ce ministère public, Jésus a dû apprendre et grandir : 
2.40 : « l’enfant grandissait et devenait fort ; il était rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui ». 
2.52 : « Jésus progressait en sagesse, en stature et en grâce auprès de Dieu et des humains ». Littéralement : « il faisait des progrès », « il avançait ». 

Mystère de l’incarnation, étonnant Jésus, à la fois Dieu et homme ! 
Le récit de Luc accueille humblement ce mystère, comme il est. 
Certes, parce qu’il était vraiment Dieu, Jésus possédait de naissance des qualités particulières - la sagesse et l’intelligence sont mises en avant ici. 
Mais parce qu’il était vraiment homme, il a aussi dû apprendre, mûrir et progresser. 
Il a dû être éduqué, y compris dans le domaine de la foi. 
Et pour cela, Dieu l’a confié, lui son Fils unique, à la jeune Marie et à l’humble Joseph, leur accordant ainsi une belle confiance, sans cesser pour autant de veiller sur eux lui-même. Ils ont été le moyen que Dieu a choisi pour que Jésus grandisse dans sa relation avec Dieu le Père.  
Quelle éducation lui-ont ils donné ? La question est intéressante. Et comment ces adultes imparfaits ont-ils pu aider Jésus à devenir celui qu’il devait être ?
Pour répondre à cela, deux passages en particulier ont retenu mon attention : 

v. 41-42 : « Ses parents allaient chaque année à Jérusalem, pour la fête de la Pâque. Lorsqu'il eut douze ans, ils y montèrent selon la coutume de la fête ». 

V.2.46-47 : « (Marie et Joseph) trouvèrent Jésus dans le Temple, assis au milieu des maîtres, les écoutant et les interrogeant. Tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses » 
Commençons par le 2e passage. 
Ici Jésus Fils de Dieu manifeste effectivement une sagesse hors du commun. Je m’étais souvent arrêté à cette manifestation de sa divinité sans voir la suite : « écoutant et interrogeant ». Cela, c’est son humanité. 
Nous découvrons que pour grandir, Jésus a eu besoin d’écouter des adultes, et de les interroger. Arrêtons-nous sur ces deux mots qui définissent je crois deux axes à suivre dans l’éducation spirituelle des plus jeunes :  « Ecoutant et interrogeant ».

A. Des adultes à écouter

Luc montre que pour « progresser » Jésus a eu besoin d’adultes à écouter. D’adultes qui lui transmettent les connaissances dont il avait besoin.
C’est ce qu’on fait, du mieux possible, Marie et Joseph. Ils ont élevé Jésus en suivant fidèlement la tradition juive : circoncis le 8e jour, dans les règles, Jésus est ainsi amené au Temple de Jérusalem chaque année pour Pâques. C’est cela qui lui permet de rencontrer les maîtres de la Loi. 
Il est frappant de voir que Marie et Joseph, qui connaissaient pourtant le destin exceptionnel de leur fils ne lui ont pas donné une « éducation de Messie » : « plus tard, mon fils, tu vas devoir être la lumière du monde alors pas question que tu ailles jouer, on va te donner des cours intensifs dès maintenant ». 
En réalité, Jésus n’a pas été élevé différemment des autres enfants juifs, tout « espoir d’Israël » qu’il était. Dans cet épisode, ses parents semblent même avoir oublié qu’il est un enfant spécial ! 
J’y vois une marque de leur humilité profonde et de leur foi sincère. Ce qu’ils transmettent, c’est juste ce qui les fait vivre : la Loi de Moïse, la prière et l’adoration de Dieu dans le Temple de Jérusalem où il avait établi sa présence ; l’histoire de son peuple aussi et de David dont il est le descendant par Joseph. 
veulent juste donner le meilleur à leur enfant, « des racines et des ailes », et plaire à Dieu. Ainsi, ils lui ont appris les fêtes et les rites, qui soutiennent la foi. Nous aussi, en célébrant avec nos enfants Noël et Pâques, en assistant à la Cène ou à des baptêmes, nous leur offrons de tels repères.
En allant au Temple par conviction personnelle, ils ont donné un modèle non de perfection, mais de foi sincère et de cohérence. Voilà peut être le plus important. Et ce qui fait que Jésus les écoute et leur « obéit », malgré leur imperfection. 

Oui, Jésus leur est « soumis » (v.51). Ca alors ! (mouvement de tête général vers le banc des jeunes avec sourires satisfaits)
Jésus qui avait reçu à la naissance la sagesse et l’intelligence, a quand même dû developper ce potentiel en apprenant des adultes - et ce dans un échange attentif. Au Temple, il écoute, avec un profond respect de la parole de ces maitres. Plus tard, il les dépassera et pointera les limites de leur compréhension de la Parole de Dieu, mais d’abord Jésus apprend d’eux. Comme Paul le fera aussi en suivant l’enseignement brillant du pharisien Gamaliel, pour le dépasser.  
Eh oui, l’expérience des aînés a de la valeur. Nous n’avons pas toujours raison, mais pas toujours tort non plus ! 

B. Des adultes à interroger
Mais si Jésus a eu besoin d’adultes à écouter, cela ne suffisait pas : il lui fallait aussi des adultes à interroger, pour forger sa propre pensée et faire une démarche personnelle. 
Ce jour-là, au Temple, il fait cette démarche : laissant partir sa famille, il décide de rester discuter avec les théologiens. Et quand il parle, pour la première fois dans l’Evangile de Luc, c’est pour prendre position devant Dieu : « j’ai à faire chez mon Père ». A 12 ans, il montre par là qu’il a une voix à faire entendre, et une foi personnelle. 

De la même façon, j’ai envie de dire aux plus jeunes : faites entendre votre voix. Cherchez Dieu personnellement, et pour cela n’ayez pas peur d’interroger, d’échanger avec les plus âgés dans la foi. Vous êtes responsables de votre parcours, alors réclamez du solide, ne vous arrêtez pas aux réponses faciles et aux demi vérités.
C’est comme cela que Jésus a compris peu à peu qui il était, et quel appel le Père lui adressait. S’il a pu continuer à « progresser en sagesse, en stature », pendant presque vingt ans avant de commencer son ministère public, c’est en développant une relation toujours plus intime avec Dieu et en même temps en acquérant une connaissance plus juste de lui-même. 
D’une fête de Pâques à l’autre, il a dû lentement approfondir la compréhension de son propre sacrifice, lui qui est « notre Pâque », offerte une fois pour toutes. 
Dans les prophètes, il a trouvé les mots pour définir sa mission - et c’est d’ailleurs en citant Esaïe qu’il donnera son « programme », au début de son ministère (Luc 4).

De la même façon, notre prière « d’aînés » est que vous puissiez vous aussi, au travers de Sa Parole, découvrir Dieu comme votre Père, et découvrir en même temps qui vous êtes, et quel appel particulier Dieu vous adresse - cet appel à une vie pleine et abondante
Que vous compreniez que la volonté de Dieu pour vous, c’est que votre désir profond rencontre le sien, et que vous vous épanouissiez en harmonie avec lui. 

Discerner ce chemin personnel, ce n’est pas simple, et c’est là que nous les aînés pouvons aider les plus jeunes : en encourageant leur questionnement… et en accueillant leurs questions avec humilité… Car quand elles arrivent, elles décapent ! 

Quelques exemples (réels) : 

Jésus avait des frères et sœurs alors pourquoi est-il appelé Fils unique ?

Comment Dieu qui commande « tu ne tueras point » peut-il lui même faire mourir des gens ? 

Est-ce que c'est Dieu qui a envoyé les Assyriens attaquer les Israéliens ?
Pourquoi Dieu a choisi le peuple juif ? Et pas un autre. Est-ce ça veut dire que les autres peuples n'étaient pas sauvés ?

Et d’autres questions, d’adultes cette fois : 

Si Dieu nous aime, pourquoi nous laisser parfois vivre dans la souffrance et pourquoi nous condamner à mourir un jour ? Si son amour était réellement infaillible, pourquoi ne pas faire de nous des êtres immortels ? Pourquoi ne pas supprimer la solitude, les peurs, le deuil, les maladies, les guerres ?
Quelle efficacité de mes prières ? Prier pour essayer de soulager toute douleur au monde est certainement naïf et inefficace. Mais comment accepter l'impuissance de ne pas pouvoir sauver et guérir chacun des êtres dans la souffrance ? Comment réussir à faire confiance à Dieu et accepter que moi, en tant qu'être banal, je ne peux rien faire pour aider à sauver ceux qui souffrent ?

N’ayons pas peur de telles questions. 
Comme les maîtres de la Loi au Temple, prenons le temps de les entendre et les laisser nous interpeller nous-mêmes.
Parmi les gens que je connais, trop de jeunes élevés dans les Eglises sont partis chercher ailleurs des réponses à des questions qu’on ne voulait pas aborder avec eux, ou qu’ils n’osaient pas poser de peur d’être jugés. Pourtant ils avaient soif !
En même temps, j’entends souvent les moniteurs dire : « j’ai peur de ne pas savoir répondre ». 
Mais n’ayons pas peur de dire « je ne sais pas », car d’une part l’Eglise n’a pas pour vocation de transmettre un « prêt à croire » définitivement bouclé, et d’autre part la vie avec Dieu restera toujours pleine de mystères et de questions ouvertes. 
Parce qu’en réalité la foi n’est pas d’abord l’adhésion à un ensemble d’idées bien argumentées mais l’accueil confiant d’une relation d’amour avec Dieu, que nous sommes appelés à découvrir ensemble comme notre Père en Jésus-Christ. 

C’est pourquoi, face à de telles questions le plus important n’est pas l’érudition : il nous revient d’abord d’enseigner fidèlement le peu que nous savons, dans le dialogue, l’écoute et l’amour. 
Le reste est entre les mains de Dieu. Nous faisons ce constat douloureux : certains enfants pourtant bien enseignés, et accompagnés choisissent quand même de s’éloigner de l’Eglise. 
C’est une souffrance pour leurs familles, une inquiétude, une blessure. 
Mais Dieu n’abandonne jamais les enfants qu’il nous confie, et même si nous sommes infidèles, lui il reste fidèle. Jamais il ne leur force la main, mais jamais il ne la lâche non plus

Que cela nous encourage à continuer à prier - pour eux, pour nous, pour ceux qui les accompagnent. 
Je voudrais finir par une image qu’on m’a suggéré à la maison : l’Eglise est comme un groupe en randonnée. Tous en marche dans la vie, à la recherche de Dieu. Les plus expérimentés guident les plus jeunes et leur apprennent à marcher.
Mais en randonnée, vous le savez, tout le monde ne voit pas la même chose. Les enfants s’émerveillent de choses que les adultes, trop concentrés sur l’organisation ou distraits par la routine, ne voient plus. Les questions des plus jeunes gardent les plus âgés éveillés, et entretiennent leur capacité à s’étonner et à s’émerveiller.
A vivre avec Jésus, Joseph et Marie n’ont cessé de s’étonner, de s’émerveiller joyeusement devant ce que Dieu accomplissait. 
Luc dit qu’ils ne comprennent pas tout, mais que ce qu’ils vivent avec Jésus nourrit leur compréhension et leur foi (v.51). Ils ont été secoués dans leurs convictions, mais aussi renouvelés élargis, enrichis. 
De même, les questions des plus jeunes, quand elles nous nous bousculent, sont propres à nourrir notre propre compréhension de Dieu, et à nous garder éveillés, étonnés, ce qui est une qualité essentielle pour marcher avec Dieu. 
Calvin disait : « seul celui ne cesse de s’étonner marche bien selon la Parole de Dieu ».
Que Dieu nous garde ainsi étonnés ensemble - jeunes et aînés
émerveillés ensemble - enfants et adultes, 
curieux ensemble d’en savoir plus sur lui, et attentifs aux belles choses qu’il fait déjà dans ce monde !  


Amen

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