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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 22 août 2016

Prédication du dimanche 21 août 2016 - L’Ecclésiaste : rester en marche avec Dieu

Qu’est-ce qui pousse tant de gens, l’été, à abandonner le confort de leur logement pour aller bivouaquer sous la tente, au coeur de la nature, dans des conditions rudimentaires ? L’amour pour les beaux endroits et le sport, certainement. Pour certains, c’est aussi une façon de prendre du recul - et apprécier à nouveau le confort quotidien après s’en être un peu privé, sans grand risque. 

Dans le livre du Lévitique, Dieu a ordonné aux Hébreux de célébrer une fête précisément en lien avec ces deux thèmes : la prise de recul et la reconnaissance pour ce que Dieu nous donne. 
C’est la fête de Sukkoth, appelée aussi « fête des tabernacles » ou fêtes des « tentes », des « cabanes ». Une des trois principales fêtes juives encore aujourd’hui.
A l’occasion de la fête des Tentes les juifs bâtissent une petite cabane dans leur cour, jardin ou encore sur leur balcon et ils doivent y vivre une semaine. 
Pourquoi des cabanes ? 
Parce que la fête célèbre premièrement la fin des récoltes, et c’est de là sans doute que vient la tradition des cabanes : lors des vendanges, on dressait dans les vignes des petites cabanes, des huttes de branchages, dans lesquelles on résidait le temps des récoltes. 
La fête est aussi un rappel de la sortie d’Égypte et plus précisément les quarante années au cours desquelles les Hébreux vécurent dans le désert en route vers la Terre sainte, guidés par Moïse. Pendant tout ce temps-là, les Hébreux avaient habité dans des tentes, ou des huttes
La cabane doit rappeler que les demeures des Hébreux au désert étaient provisoires > Elle doit donc obligatoirement être une construction temporaire; dressée à l’occasion de la fête, puis ensuite démontée.

Rappel que Dieu prend soin de son peuple et lui donne toutes choses.
Rappel que la vie ici bas est temporaire, qu’elle est une marche, un pèlerinage vers le Royaume. 

Pourquoi cette introduction « culturelle » ? Parce que traditionnellement, un livre de la Bible était lu à l’occasion de cette fête, et que je voudrais aborder avec vous : le livre de l’Ecclesiaste - Qohéleth. 

« Vanité des vanités, tout est vanité ». Peut-être connaissez vous cette formule de l’Ecclesiaste ? « Il y a un temps pour tout ». « Dieu fait toutes choses belles en son temps ». 

De nombreuses paroles bibliques célèbres sont extraites de ce livre, mais picorer des versets sans considérer l’ensemble risque toujours de conduire à des contresens. 

Car ce livre de la Bible, sans équivalent dans la littérature, est un poème de sagesse complexe, surprenant, déstabilisant même, tant il apparaît plein de contradictions. 
Pessimiste pour certains, sceptique pour d’autres - Qohéleth semble douter de tout. Certains se demandent même ce qu’il fait dans la Bible tant il semble remettre en question la foi en Dieu elle-même !
Mais le fait qu’on le lise pour Sukhot nous donne une indication sur la façon de l’interpréter : tous ensemble, on lisait ce livre comme un rappel que l’essentiel n’est pas ici, mais qu’il est nécessaire de jeter le regard en avant, dans l’attente de Dieu, car si tout est vanité, tout aussi est don de Dieu et que lui seul est la direction qui donne sens au chaos de ce monde. 

Lançons nous dans un modeste survol du livre, en deux temps, qui vous donnera j’espère envie de le lire par vous-mêmes. 

A. Chapitres 1 et 2 : premier constat : « tout est vanité, futilité, fumée » ! 

1Paroles de Qohéleth, fils de David, roi à Jérusalem.

2Futilité complète, dit Qohéleth, futilité complète,
tout n'est que futilité !

3Quel avantage l'être humain retire-t-il de tout le travail qu'il fait sous le soleil ?

4Une génération s'en va, une génération vient,
et la terre subsiste toujours.

5Le soleil se lève, le soleil se couche ;
il aspire au lieu d'où il se lève.

6Allant vers le sud, tournant vers le nord,
tournant, tournant, va le vent,
et le vent reprend ses tours.

7Tous les torrents vont à la mer, et la mer n'est pas remplie ;
vers le lieu où ils coulent, les torrents continuent à couler.

8Tout est fatigant, plus qu'on ne peut dire ;
l'œil n'est pas rassasié de voir,
l'oreille ne se lasse pas d'entendre.

9Ce qui a été, c'est ce qui sera ;
ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera :
il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

10Y a-t-il une chose dont on dise : Regarde, c'est nouveau !
— elle était déjà là bien avant nous.

11Il n'y a pas de souvenir du passé,
et ce qui sera dans l'avenir ne laissera pas non plus de souvenir
chez ceux qui viendront par la suite.

12Moi, Qohéleth, j'ai été roi sur Israël à Jérusalem. 13J'ai décidé de rechercher et d'explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous le ciel ; c'est une occupation funeste que Dieu impose aux humains.

14J'ai vu toutes les œuvres qui se font sous le soleil : tout n'est que futilité et poursuite du vent.

15Ce qui est courbé ne peut être redressé, ce qui manque ne peut être compté.

16Je me suis dit : Moi, j'ai développé et amassé plus de sagesse que tous ceux qui m'ont précédé à Jérusalem, et mon cœur a vu beaucoup de sagesse et de connaissance.

17J'ai décidé de connaître la sagesse et de connaître la démence et la folie ; je sais que cela aussi n'est que poursuite du vent.

18Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de contrariété ;
plus on a de connaissance, plus on a de tourment.

Chapitre 2

1Je me suis dit :
Allons ! je vais te mettre à l'épreuve par la joie,
tu verras ce qu'est le bonheur.
Eh bien, même cela n'est que futilité.

2Du rire j'ai dit : C'est de la démence !
et de la joie : A quoi bon ?

3J'ai résolu de me faire plaisir avec le vin, tout en me conduisant avec sagesse, et de m'attacher à la folie jusqu'à ce que je voie s'il est bon pour les humains d'agir ainsi sous le soleil pendant le nombre des jours de leur vie. 4J'ai fait de grandes choses :
je me suis bâti des maisons ;
je me suis planté des vignes ;

5je me suis fait des jardins et des parcs,
et j'y ai planté toutes sortes d'arbres fruitiers ;

(…)

7J'ai acheté des esclaves et des servantes,
et leurs fils nés dans la maison ;
j'ai possédé du gros bétail et du petit bétail en abondance,
plus que tous ceux qui étaient avant moi à Jérusalem.

8J'ai aussi amassé de l'argent et de l'or,
de précieux trésors des rois et des provinces.
J'ai acquis des chanteurs et des chanteuses,
et, délices des hommes, beaucoup de femmes.

9Je suis devenu grand, j'ai surpassé tous ceux qui étaient avant moi à Jérusalem,
et ma sagesse demeurait avec moi.

10Tout ce que mes yeux ont réclamé, je ne les en ai pas privés ;
je n'ai refusé aucune joie à mon cœur ;
(…)

11Et moi, je me suis retourné vers toutes les choses que mes mains avaient faites,
le travail pour lequel j'avais tant peiné :
tout n'est que futilité et poursuite du vent,
il n'en résulte aucun avantage sous le soleil.

(…)

15Je me suis dit :
Le sort de l'homme stupide m'attend, moi aussi ;
pourquoi aurai-je alors montré, moi, davantage de sagesse ?
Et je me suis dit que c'est là encore une futilité.

(…) 17J'ai donc détesté la vie, car pour moi l'œuvre qui se fait sous le soleil est mauvaise, puisque tout n'est que futilité et poursuite du vent ».


Le livre commence par l’évocation du parcours personnel de Qohéleth, le « sage » - sans doute Salomon lui-même, connu pour sa sagesse, roi ayant effectivement connu la plus grande richesse, les femmes et aussi l’idolâtrie. 

Qohéleth a expérimenté toutes choses et sa conclusion est sans appel : « tout est vanité, tout est fumée, vapeur ». Courir après le pouvoir, l’argent ou même la sagesse, c’est courir après le vent. Au final, la mort attend tout le monde. 

Pessimiste ? Non. Qohéleth est un homme qui veut rester en marche, qui cherche la vérité. C’est un croyant qui cherche Dieu profondément et ne veut pas se laisser détourner par de fausses croyances. 
Alors, dans sa recherche de vérité, il regarde la vie comme elle apparaît à chacun, « sous le soleil ». Voilà ce qui se passe, il faut regarder les choses en face honnêtement : « le sage meurt comme le fou » ; etc. 

Et ça secoue ! Rien n’échappe à la remise en question : ni la sagesse, ni l’argent, ni le travail, ni les plaisirs, ni même la religion ! …  
Qohéleth lui même reconnait qu’il a été secoué, poussé au désespoir - mais son but n’est pas de nous y entraîner : son but est de remettre sur la table toutes les fausses sécurités, toutes les fausses croyances qui nous détournent de la vie telle que Dieu l’a voulue - tout ce qui nous détourne de Dieu. 
Avouons-le, il n’est pas facile pour nous non plus de faire certains constats. Les épreuves de la vie finissent toujours par bousculer certaines « certitudes » que nous nous étions forgées - l’idée qu’un chrétien aurait la vie plus facile que les autres, que la prière écarterait tous les obstacles, qu’une bénédiction spéciale s’attacherait à ceux qui aiment Dieu et les ferait échapper aux virus, au chômage, à la perte… 
Mais quand ces choses-là arrivent quand même, que nos prières semblent sans effet, que Dieu ne change pas nos analyses médicales et que l’accident de voiture se produit malgré « il gardera ton départ et ton arrivée »… alors l’Ecclesiaste nous encourage à recevoir ces choses comme elles sont, sans y ajouter une souffrance spirituelle - 
sans avoir peur que leur existence remette en question celle de Dieu : oui, la vie est pleine de contradictions, de drames et de mystères, mais cela ne remet pas Dieu en question. Ni son amour. 

Oui, aucune de nos sécurités ne tient totalement dans ce monde, et Dieu semble terriblement absent souvent - mais en même temps il fait ce constat mystérieux de la réalité de l’intervention de Dieu : Dieu est celui qui donne, nous donne tout ce que nous avons - et Dieu est aussi le juste juge, celui par qui tout a un sens

En somme, face aux épreuves que nous rencontrons, l’Ecclesiaste nous encourage : ces épreuves ne remettent pas Dieu en cause, elles démontent au contraire nos fausses croyances, nos fausses sécurités - nos systèmes où tout doit rentrer dans des cases bien définies, alors que la vie échappe toujours à nos prévisions et que Dieu seul connait le fin mot des choses. 


B. Le bonheur en Dieu

En somme, l’attitude indiqués par Qohéleth consiste à ne pas s’attacher à des illusions afin de rester en marche vers Dieu, vers la Nouvelle Création promise.
Ne pas se construire des bunkers ou des palais, mais continuer à vivre sous une tente, car notre véritable demeure, celle où nous serons parfaitement en sécurité, est encore à venir, lorsque Dieu établira son Royaume. 
Et dans cette marche, recevoir avec reconnaissance tout ce que Dieu nous donne

Telle est la voie du bonheur. 

« Il n'y a de bon pour l'être humain que de manger, de boire et de voir le bonheur dans son travail ; moi, je l'ai vu, cela vient de Dieu.
26Car à celui qui lui est agréable, il donne la sagesse, la connaissance et la joie ; mais au pécheur il donne pour occupation de recueillir et d'amasser, afin de donner à celui qui est agréable à Dieu ». 

Le bonheur : Le bonheur : à chercher en Dieu seul, en profitant de la vie avec discernement. 
Recevoir la vie, la nourriture, le travail… comme un don de Dieu. Et lui rendre grâce - cf fête des moissons. 
« Je sais pourtant, moi aussi,
qu’il y aura du bonheur pour ceux qui craignent Dieu,
parce qu’ils ont de la crainte devant sa face,
13mais qu’il n’y aura pas de bonheur pour le méchant
et que, passant comme l’ombre, il ne prolongera pas ses jours,
parce qu’il est sans crainte devant la face de Dieu ».

et je fais l’éloge de la joie ;
car il n’y a pour l’homme sous le soleil
rien de bon, sinon de manger, de boire, de se réjouir ;
et cela l’accompagne dans son travail
durant les jours d’existence
que Dieu lui donne sous le soleil » (8)

« 10Ecarte donc de ton cœur la contrariété,
éloigne le malheur de ta chair ;
car jeunesse et fraîcheur ne sont que futilité.
1Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse »
Le bonheur : faire la volonté de Dieu, obéir à ses commandements. 

Ecclésiaste 12 : 13-14 : « 13 Ecoutons la conclusion de tout le discours : Crains Dieu et observe ses commandements. C'est là tout l’humain. 14 Car Dieu fera venir toute œuvre en jugement, pour tout ce qui est caché — que ce soit bien ou mal ».


C. Jésus, la réponse attendue

Ainsi, dans tout le livre, Qohéleth fait le constat des contradictions qui apparaissent dans ce monde, sans forcément donner d’explications. Une seule certitude : Dieu est à l’oeuvre, et nos systèmes humains ne peuvent l’enfermer. Ils sont tous insuffisants, et si nous y accordons trop d’importance, cela nous enferme à notre tour, et nous détourne du vrai bonheur avec Dieu. 

La réponse que Qohéleth attendait, Dieu l’a quand même donnée : c’est Jésus-Christ, le « dernier mot » de Dieu, venu révéler le coeur de Dieu lui-même. 

Il est, lui seul, notre sagesse. Le chemin, la vérité. Celle ci n'est pas juste un système de croyances, un ensemble de dogmes, mais une personne, Jésus, que personne ne peut prétendre détenir ou circonscrire. En même temps, en lui nous est donné tout ce dont nous avons besoin pour marcher dans ce monde - sous la tente, dans la fragilité du pélérinage, mais conduit pas la sûre main du Dieu d'amour et de grâce. 
Alors, nous qui sommes trangers et voyageurs sur la terre", continuons la route, en restant vivants - profondément vivants comme Qohelet a voulu l'être, à la suite de notre maître. Il nous conduit vers le seul lieu de totale sécurité, les " nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habitera". 


Amen 

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