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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

vendredi 11 mars 2016

Prédication du dimanche 9 mars 2016 : Proverbes 9.1-16 - La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse


Que répondriez-vous si Dieu vous disait soudain : « « demande moi ce que tu veux, et je te le donnerai » ? 
Le roi Salomon, quant à lui, choisit… la sagesse. 
Et Dieu lui donna, au point que tout le monde venait écouter ses conseils. Un grand nombre sont conservés dans le livre des Proverbes, dans lequel nous allons nous plonger pour en savoir plus sur la nature de cette sagesse.

Dans leur ensemble, les Proverbes nous emmènent à la découverte de la sagesse à travers « l’histoire » d’un jeune homme inexpérimenté. C’est à lui qu’on s’adresse : « mon fils ». Ce jeune homme, comme chacun d’entre nous, avance sur le chemin de la vie, et sur ce chemin il fait des rencontres.
Notamment au chapitre 9, où deux personnages l’interpellent : la sagesse, et la folie.
Lecture. 
"1La sagesse a construit sa maison, elle a taillé ses sept colonnes. 2Elle a abattu son bétail, mélangé son vin et dressé sa table. 3Elle a envoyé ses servantes, elle crie sur le sommet des hauteurs de la ville: 4«Qui manque d'expérience? Qu'il entre ici!» Elle dit à ceux qui sont dépourvus de bon sens: 5«Venez manger de mon pain et boire du vin que j'ai mélangé! 6Abandonnez la naïveté et vous vivrez, avancez sur la voie de l'intelligence!
7Celui qui instruit le moqueur récolte le mépris, et celui qui reprend le méchant s'attire ses insultes. 8Ne reprends pas le moqueur si tu ne veux pas qu'il te déteste, mais reprends le sage et il t'aimera. 9Donne au sage et il deviendra encore plus sage, enseigne le juste et il augmentera son savoir.
10Le commencement de la sagesse, c'est la crainte de l'Eternel. La connaissance du Dieu saint, voilà en quoi consiste l'intelligence. 11Oui, c'est grâce à moi que tes jours se multiplieront et que les années de ta vie augmenteront. 12Si tu es sage, tu l'es pour toi; si tu es moqueur, tu en supporteras les conséquences tout seul.»

13La folie est une femme bruyante, naïve, qui ne sait rien. 14Elle s'assied à l'entrée de sa maison, sur un siège, dans les hauteurs de la ville, 15pour interpeller les passants qui vont droit leur chemin: 16«Qui manque d'expérience? Qu'il entre ici!» Elle dit à celui qui est dépourvu de bon sens: 17«L'eau volée est douce et le pain mangé en cachette est agréable.» 18Et il ne sait pas que là se trouvent les défunts, que ceux qu'elle a invités sont dans les vallées du séjour des morts".



« Donne moi, dit Salomon à Dieu, un coeur attentif. pour discerner le bon du mauvais » (1 Rois 3.9) : la sagesse est liée à la capacité de faire les bons choix, de bien diriger notre vie sous le regard de Dieu.

Et ici, le choix est entre la sagesse et la folie, présentées comme deux femmes qui veulent toutes deux attirer les hommes à elles, avec les mêmes mots : « qui manque d’expérience ? qu’il entre ici », deux femmes qui se ressemblent beaucoup au premier abord, mais qu’en réalité tout oppose. 

D’un côté, la Folie. Elle est assise devant tout le monde. « Bruyante, naïve », elle ne « sait rien ». Son refus de la réflexion s’oppose à l’attitude raisonnable de la sagesse dont la maison est soigneusement construite (7 colonnes), la sagesse qui elle, est debout, et gère sa maisonnée avec soin. 
Au premier regard, beaucoup trouveront la Folie plus attirante. Elle est racoleuse, aguicheuse. L’ambiance peut paraître plus sympa dans sa maison : il y a du bruit, et on se laisse vivre. 
Dans cette maison-là, sans doute, personne ne fait ses devoirs, il y a du Nutella, des frites et du Coca à tous les repas, on peut garder son portable jour et nuit.. on fait ce qu’on veut, quand on veut : le mot d’ordre est de ne « pas se prendre la tête ». 
La Folie est donc séduisante… mais creuse. Elle n’a rien préparé à manger pour celui qui vient chez elle, et les plats qu’elle sert ont un goût de soufre : de « l’eau volée » et du « pain mangé en cachette »… et elle va non seulement laisser celui qui entre sur sa faim, mais en plus le tromper, et le perdre. (nous y reviendrons). 
La sagesse au contraire a préparé un festin ouvert à tous, même aux ignorants. « Elle a abattu son bétail, mélangé son vin et dressé sa table. Elle a envoyé ses servantes ». Elle nourrit, elle veille sur ceux qui l’écoutent. 
C’est « la voix de l’expérience, de ton père et de ta mère, les conseils des sages ». 
Elle construit sur le long terme des colonnes solides. 
Si on s’arrêtait ici, l’image des deux femmes pourrait signifier déjà que nous sommes régulièrement placés entre un choix sage et un choix insensé - choisir d’écouter le bon sens, les conseils des gens expérimentés, ou pas. 
Choisir de réfléchir ou de subir. 
Et il faut déjà de la sagesse pour arriver à faire la différence entre les deux voix, à faire la part des choses pour choisir la voie la plus sûre. On devine que le sage, c’est déjà celui qui sait qu’il doit être actif mais prudent, et prendre le temps de construire solide. 
C’est aussi celui qui sait qu’il a besoin de devenir sage ! Voilà pourquoi le texte nous dit de « reprendre le sage », de « donner au sage » pour qu’il devienne « encore plus sage » : est sage celui qui se remet en question et veut être sage
Alors que le fou, l’insensé, c’est justement celui qui pense n’avoir besoin de personne, celui qui croit tout savoir, qui est très content de lui comme ça, ça va bien, merci. 

Le texte dit bien cela, mais il va plus loin - et c’est là que la Parole de Dieu dépasse les sagesses humaines, qu’elle recoupait jusque là : derrière cette image légère en apparence, un choix plus d’une portée encore plus grande est présenté. 
Un indice nous le révèle : les deux femmes se tiennent « dans les hauteurs de la ville » : or  dans le Proche Orient ancien, seule une personne avait le droit de demeurer à l’endroit le plus élevé de la ville, le dieu de cette ville. C’est là qu’on venait adorer les divinités (sur les « hauts lieux »).
A Jérusalem, de même, le Temple était situé à l’endroit le plus élevé. Cette remarque confirme ce qu’on devinait déjà : la sagesse représente la sagesse de Dieu, et en fin de compte, Dieu lui-même. 
Le peuple juif, premier destinataire des Proverbes, se trouve donc placé devant le choix fondamental entre Dieu ou les idoles, dont le culte bruyant, coloré, festif, a souvent tenté le peuple de Dieu. En plus, imaginez donc, il y avait de la danse, du sexe, de la transe !  C'était bien "la maison de la folie". 
Le choix est donc entre la voix de la sagesse - celle de Dieu - ou celle de la folie - celle des idoles. 

Un choix que souligne encore le verset central du passage, verset clé du livre des Proverbes : « le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Eternel ». « Reconnaître l'autorité du Seigneur est le commencement de la sagesse » (FC).
La sagesse commence par la crainte de Dieu. La folie est de le mépriser pour écouter d’autres voix. 
Un mort sur la « crainte » de Dieu : cette expression a souvent été mal comprise ; on l’a souvent utilisée pour brandir l’image d’un Dieu gendarme, un Dieu terrible qui guetterait nos moindres faux pas pour mieux nous écraser. Un Dieu qui  nous ferait vivre sous la culpabilité permanente.  

Au contraire, dit le texte, s’il faut avoir peur, ce n’est pas de Dieu. Il n’y a pas de peur dans la relation du chrétien avec son Père, car comme le dit la 1er lettre de Jean (4.18) « dans l’amour, il n’y a pas de place pour la crainte, car l’amour véritable chasse toute crainte. En effet la crainte suppose la perpective du châtiment. L’amour de celui qui vit dans la crainte n’est pas encore parvenu à la pleine maturité ».  
La foi en Jésus nous sauve de la peur de Dieu : « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » ! 
Ce n’est donc pas de lui que nous devons avoir peur … mais des conséquences de nos choix irréfléchis, de notre aveuglement devant les dangers de la vie, et de notre faiblesse face aux ruses de l’adversaire ! 
Voilà ce contre quoi les Proverbes nous mettent en garde. Par eux, Dieu comme un père attentif avertit ses enfants pour leur éviter de tomber. Il sait que oui, il faut bien faire ses expériences, mais que ça peut aussi faire très mal - avec des blessures qui restent pour la vie parfois. Il y a des expériences qui sont douloureuses et qu’on aurait aimé ne pas vivre. 

Craindre Dieu ici, c’est donc le respecter, respecter sa parole. Ce n’est pas parce qu’il est un Père plein d’amour qu’on peut tout se permettre en face de lui parce qu’il nous aime. On ne peut pas prendre son nom en vain, on ne peut pas tricher, on ne peut pas traiter Dieu à la légère ni le duper. « Une décence, une dignité nous sont demandées, nous ne pouvons pas nous comporter n’importe comment ». Cette attitude de crainte légitime qui n’a donc rien à voir avec la peur est fondamentale pour faire les bons choix : en prenant au sérieux les conseils de notre Père céleste, nous « abandonnons la naïveté » qui nous joue des tours, et nous apprenons à voir la vie telle qu’elle est en vérité ; à déjouer les pièges et à discerner la voix de Dieu et celles qui veulent nous éloigner de lui. 
Ce respect est d’autant plus important que l’enjeu, nous dit le texte, c’est la vie ou la mort car dans la maison de la folie, « se trouvent les défunts » ; « ceux qu’elle a invités sont dans les vallées de l’ombre de la mort ». 
Et cette voix de la folie prend des accents divers d’un chapitre à l’autre du livre des Proverbes: voix des « insensés », qui incitent le jeune homme à faire de mauvais coups avec eux : « tu auras ta part de l’argent ! » (1.14). 
Voix de la femme adultère, contre laquelle le père met en garde son fils : ses lèvres « ruissellent de miel », son palais « est plus doux que l’huile », mais « à la fin elle est amère comme l'absinthe, coupante comme une épée à deux tranchants. Ses pieds descendent vers la mort, ses pas aboutissent au séjour des morts. » (5.3-5). Et le jeune homme qui l’écoute est décrit au chapitre 7 comme « un boeuf qu’on mène à l’abattoir, « comme un imbécile qu’on lie pour le corriger », « comme l’oiseau qui se précipite dans le filet sans savoir que c’est au prix de sa vie » (7.22) ! …
Au final, voix séductrice, mauvaise conseillère de l’adversaire, du serpent ancien qui avec ruse vise les points faibles - les poches jamais assez pleines, ou bien le dessous de la ceinture. Qui entraîne vers la dissimulation, en nous faisant peu à peu boire de « l’eau volée » et du pain « mangé en cachette » pour nous y faire prendre goût. 
Voix qu’Hérode (cf prédication de dimanche dernier), trop subjugué par la danse sensuelle de sa nièce, un peu aviné aussi peut-être, a choisi d’écouter, Hérode installé dans la maison de la Folie et refusant d’entendre Dieu qui par la bouche de Jean-Baptiste l’appelait à sortir avant qu’elle ne s’effondre.
Beaucoup ont intérêt à ce que nous prenions ainsi le chemin de la Folie. Commercialement, ça paye davantage ! Il suffit de voir quel type de site rapporte le plus sur internet. 
D’ailleurs, dans la maison de la Folie, les premiers verres, les premières bouffées sont toujours offerts. L’accueil est soigné, les brochures sont bien faites. C’est quand tu veux sortir ou que tu ne peux plus rembourser ton prêt que ça se complique. 

La mort, dit le texte, est au bout de ce chemin-là. 
On peut trouver cette affirmation un peu forte, un peu moralisatrice. 
Pourtant c’est bien la mort, déjà, qui est à l’oeuvre dans la peur, dans tout ce qui attaque nos relations - la rancune, la jalousie, le mensonge, l’amertume… et au final, se trouve la mort spirituelle éternelle qui est « le salaire du péché », du refus de Dieu : « ne vous y trompez pas, écrit Paul aux Galates, on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le récoltera aussi. Celui qui sème pour satisfaire sa nature propre récoltera d'elle la ruine, mais celui qui sème pour l'Esprit récoltera de l'Esprit la vie éternelle » (Gal. 6.7).

Ce texte nous place donc devant ces questions à laquelle nous devons répondre pour nous mêmes : premièrement, quelle voix je choisis d’écouter pour me diriger, pour faire mes choix ? 

Des voix qui me poussent à l’amertume, qui m’entretiennent dans une attitude de critique, de malaise, altèrent mes relations, m’empêchent de me réjouir des belles choses autour de moi… ? 
Ou la voix de la sagesse divine, qui m’édifie et édifie mon frère, qui nous met debout ensemble et nous rassasie ? La voix de l’Esprit qui m’invite à la paix, la joie, la reconnaissance… ? 

Deuxièmement, quelle divinité est-ce que je choisis de placer au centre de ma vie et de « craindre » ?

Craindre l’Eternel, c’est chercher à faire le bien dans tous les aspects de notre vie, pour lui faire honneur, pour faire sa joie ! C’est vouloir marcher dans sa lumière. 
Cela interroge alors nos motivations : si je me permets de faire un choix dont je sais que beaucoup me le déconseillent devant Dieu, juste parce que « tout le monde le fait », ou parce que d’autres l’ont fait - qui est-ce que je cherche à honorer, au fond ?
Cela interroge notre intégrité : est-ce que parfois je continue à me nourrir de pain mangé en cachette, d’argent plus ou moins louche, de demi-vérité ? Ou bien est-ce que je marche honnêtement et en vérité devant les autres - et devant Dieu ? 
Qui est-ce que j’écoute, la sagesse ou la folie ? 
Une chose est sûre : si je choisis d’écouter Dieu, si je me place devant lui chaque jour, dans la dépendance, si je décide de faire sa volonté de tout mon coeur, je suis sur le bon chemin pour devenir sage, et capable de faire les bons choix. 
Ce choix éclairera tous mes autres choix, car je serai alors conduit par la sagesse de Dieu sur le chemin de la vie - et de la vie éternelle. 
Dieu m’a créé libre, alors quels que soient mes choix, je suis responsable. Mais si je me perds, si je fais fausse route, Dieu reste fidèle et jamais il ne me laisse tomber. Toujours sa grâce me relève. Il est cet ami qui vient me chercher dans la maison de la folie où je me suis encore une fois égaré, pour une raison ou une autre, et qui me raccompagne sans me juger, la main sur mon épaule. 
En toutes circonstances, je peux m’appuyer sur Jésus, ma sagesse. Je peux tout lui dire, il pardonne et guérit
Et par son Esprit, il me rend capable de résister aux tentations, de discerner, parmi toutes les voix du monde, celle du Père céleste. 
Il éclaire pour moi la Parole de Dieu, afin qu’elle soit un guide sur mon sentier. 

Alors dans la confiance, cherchons à devenir plus sages, laissons-nous enseigner par la Parole de Dieu et par nos frères et soeurs plus expérimentés. 
Et ne nous lassons pas de fréquenter la maison de la sagesse ; nous pouvons y entrer par la prière, encouragés par cette promesse de Jacques (1.5) : « Si l'un de vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée ».

Amen