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Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 4 janvier 2016

Prédication du dimanche 3 janvier 2016 - Psaume 90 : Apprendre à bien compter nos jours



L’année 2016 comme un grand calendrier de l’Avent ! 


Intro : entendu à la radio, un extrait audio de film : « les gens vont à l'Eglise parce qu'ils ont peur ». 



Qu’en pensez-vous ? 
Etes vous ici parce que vous avez peur ? De la vie, de la mort, de votre ombre… ? 

Si l’auteur du film dit cela, c’est clairement pour décrédibiliser la « religion », et en faire une béquille pour les faibles. On sent de la condescendance pour ces « vieux » pas assez forts pour affronter la vie tout seuls…

Soyons un peu provocateurs : et après tout, si c’était vrai ? Si nous sommes ici, c’est peut être que nous sommes conscients de notre fragilité, de notre besoin de Dieu pour affronter la vie. 

Mais si l’inquiétude ou l’angoisse peuvent nous pousser à chercher Dieu, ce n’est pas pour fuir la vie, et remplacer le réel par l’illusion, mais pour vivre vraiment, au contraire

Vivre vraiment, intensément. On parle beaucoup de l’importance de « profiter ». « Cette année, on va profiter de la vie ». 

Sans doute que l’auteur de cet extrait pense que les gens qui vont à l’Eglise ne savent pas « profiter », et son film prône au contraire le plaisir sans contraintes aucune. Discours bien connu. Il y a une façon de « profiter » qui est une fuite - dans l’instant, dans le plaisir… Mais l’expérience montre que cette fuite-là nous éloigne en réalité du bonheur. 

La Bible nous enseigne au contraire une « sagesse de vivre » qui consiste à bien « profiter » dans la lucidité sur ce que nous sommes, sur la la brièveté de notre vie.
Une formule résume cette sagesse : « bien compter nos jours ». Nous trouvons cette expression dans le psaume 90. 

Lecture du Psaume 90 :

1. Seigneur, de génération en génération 
c’est toi qui a été notre sécurité.
2. Avant que soient nées les montagnes, 
avant même que le monde ait vu le jour,
depuis toujours, c’est toi qui est Dieu, et tu le resteras toujours.

3. Tu fais revenir les humains à la poussière, 
tu leur dis : « retournez d’où vous êtes venus. »
4. Pour toi, mille ans sont aussi brefs 
que la journée d’hier, déjà passée, 
ou quelques heures de la nuit.
5. Tu mets fin à la vie humaine ; 
elle passe comme le sommeil du matin. 
Comme l’herbe qui pousse, 
6. le matin elle fleurit, elle grandit ; 
le soir, elle se fane, elle est sèche. 

7. Oui, ta colère nous balaie, 
ton indignation nous terrifie. 
8. Tu mets nos fautes au grand jour, 
ta lumière éclaire tous nos secrets. 
9. Sous l’effet de ta colère, notre vie décline ; 
le temps d’un soupir, elle arrive à sa fin. 
10. Elle peut durer soixante-dix ans, 
ou quatre-vingt pour les plus vigoureux, 
mais nous n’en retirons que peine et malheur. 
La vie passe vite et nous volons vers la mort. 
11. Qui reconnait la force de ta colère ? 
Qui te respecte assez pour en tenir compte ? 
12. Fais-nous comprendre que nos jours sont comptés, 
Alors nous acquerrons un coeur sage. 

13. Seigneur, nous en voudras-tu longtemps encore ? 
Tourne-toi vers nous, 
aie pitié de nous, tes serviteurs. 
14. Dès le matin, comble-nous de ta bonté, 
alors toute notre vie, nous crierons de joie
15. Pendant longtemps tu nous as humiliés. 
Donne nous maintenant autant d’années de joie
que nous en avons eu de malheur. 
16. Que nous puissions te voir agir, 
et que nos descendants découvrent ta grandeur ! 
17. Seigneur, notre Dieu, accorde-nous ton amitié, 
et donne à nos travaux un résultat durable ; 
oui, donne à nos travaux un résultat durable. 



« 12Enseigne-nous à bien compter nos jours, que nous conduisions notre cœur avec sagesse.
14Rassasie-nous dès le matin de ta fidélité, nous crierons de joie durant tous nos jours ».

Ces versets sont chers au coeur de nombre d’entre nous, j’en suis sûr. 
Ils résument la pensée qui est au coeur de ce texte : pour être heureux, bien compter nos jours sous le regard de Dieu ! 

Qu’est-ce que cela signifie ? 

  1. Bien compter nos jours, c’est d’abord accepter lucidement la brièveté de notre vie

Reconnaissons déjà que ce psaume est une sacrée réponse à ceux qui pensent que la foi est une fuite du réel. Au contraire, quelle terrible lucidité ici ! 
La sagesse biblique commence par la confrontation de notre faiblesse humaine avec l’éternité de Dieu.
« Reconnaître l'autorité du Seigneur est l'a b c de la sagesse », dit le livre des Proverbes (1.7)

Cette autorité apparaît déjà dans sa grandeur insondable. Voilà pourquoi l’auteur du psaume, Moïse, à qui Dieu s’est révélé comme « celui qui est, qui était et qui sera », n’a pas de mots pour dire cette grandeur de l’Eternel :

« Avant que soient nées les montagnes, avant même que le monde ait vu le jour,depuis toujours, c’est toi qui est Dieu, et tu le resteras toujours ».
« Pour toi, mille ans sont aussi brefs  que la journée d’hier, déjà passée, ou quelques heures de la nuit ».

Le chiffre « mille »  ici est une façon d’exprimer ce qui ne peut plus être compté - au delà des capacités de nos super-calculateurs. Le temps n’est pas une limite pour Dieu, qui l’a créé. 

Devant un tel Dieu, il s’agit aussi de bien prendre conscience de ce que nous sommes vraiment, et de regarder en face combien notre vie passe vite, combien elle est fragile. 

Voilà pourquoi Moïse insiste : « Tu mets fin à la vie humaine ; elle passe comme le sommeil du matin. Comme l’herbe qui pousse, le matin elle fleurit, elle grandit ; le soir, elle se fane, elle est sèche ». 
«9. Sous l’effet de ta colère, notre vie décline ; le temps d’un soupir, elle arrive à sa fin. 
10. Elle peut durer soixante-dix ans, ou quatre-vingt pour les plus vigoureux, mais nous n’en retirons que peine et malheur. 
La vie passe vite et nous volons vers la mort. » 

C’est peut-être difficile à entendre ? En effet. Epicure disait qu’il y a deux choses qu’on ne peut pas regarder en face : le soleil… et la mort. 
La mort à la fois tellement présente dans notre culture - mort violente des séries policières, des films d’action, mort des infos, du terrorisme…   
Et en même temps, tout est fait pour que nous ne pensions pas à notre propre fin, puisque rien n’a été laissé qui permette de l’aborder paisiblement  ! 

La Bible rejoint ici les sagesses de l’Antiquité, et déclare sans ambiguïté que fuir cette réalité, c’est pourtant s’empêcher de vivre vraiment. 

Un dernier mot sur ce point : Cf exposition au musée des Confluences : « immortalités »
« Avoir conscience de sa propre finitude n’est pas un état mais une recherche de sérénité.
En comprenant que nous allons mourir, nous nous révélons à une existence plus authentique. Accepter sa fin, c’est accepter la vulnérabilité et la fragilité que nous partageons tous ».

« Bien compter nos jours », voilà donc un premier pas vers une meilleure compréhension de la vie, vers une certaine sagesse. 
Bien. Etre lucide, d’accord, mais ensuite ? Que fait-on de cette prise de conscience ? 
b. Bien compter nos jours, du coup, c’est recevoir cette vie si fragile comme un don de Dieu. 

Qu’elle nous permette de mieux nous tourner vers Dieu, pour voir chaque jour non comme un dû ou quelque chose que nous maîtrisons, mais comme un don d’amour que Dieu nous fait. 

Quelqu’un disait : « la grande illusion de l’homme est de vouloir maitriser sa vie… or la vie est un don de qui échappe à sa nature même à toute tentative de la maitriser ». 
La Bible combat en permanence cette illusion qui nous ferme à la vie que Dieu veut nous donner.
Cette illusion que finalement, nous pouvons parvenir à une certaine prise sur notre existence. 

Comme cet homme, Elias, qui le jour de ses 70 ans décide de changer complètement de vie pour vivre plus longtemps. Il se soumet à un régime strict, fait du jogging et du vélo, prend un coach. En l’espace de trois mois, Elias perd 13 kilos, augmente ses pectoraux et réduit son ventre. Mince et bronzé, il décide de couronner le tout en s’offrant une nouvelle coupe de cheveux. 
Mais un bus le renverse juste lorsqu’il sort de chez le coiffeur.
Allongé sur le sol, mourant, il s’écrie : « ô Dieu, comment peux-tu me faire ça, à moi ? »
Et une voix venue du ciel lui répond : « A vrai dire, Elias, je ne t’avais pas reconnu ». 

Nous qui avons tant de mal à maitriser nos corps et nos pensées, quel contrôle avons nous sur notre souffle de vie ? 
« Tu fais revenir les humains à la poussière, tu leur dis : « retournez d’où vous êtes venus. 


c. Bien compter nos jours, c’est réfléchir à nos choix, à ce que nous faisons de notre vie

Cette prise de conscience que nous dépendons totalement de Dieu devrait nous rendre humbles, et nous inciter à écouter davantage les conseils de Dieu dans les choix que nous avons à faire. 

« Vous qui dites : « Aujourd'hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous ferons du commerce et nous gagnerons de l'argent. » 14Eh bien, vous ne savez pas ce que votre vie sera demain ! Vous êtes, en effet, comme un léger brouillard qui apparaît pour un instant et disparaît ensuite. 15Voici bien plutôt ce que vous devriez dire : « Si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela. » - Jacques 4.13

Jésus, lui, raconte l’histoire de cet homme à l’aise qui fait de grands projets d’extension chez lui, pour stocker ses biens, développer son business. « Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.” Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?”

De la même façon, combien de fois, à des moments où nous aménagions notre maison, avons-nous dit : quand on aura fait ça, là on sera bien. Quand on aura acheté un nouveau four, on pourra « profiter »…

Une vie confortable qui défile paisiblement est un cadeau de Dieu, et il ne s’agit pas de vivre en permanence dans la conscience de notre condition tragique ! Mais nous sommes invités à garder un sain équilibre, afin de bien orienter nos choix, de poser des actions qui aient du sens. 
« Le temps passe vite, et nous nous envolons ». Qui sait si nous serons là demain ? 
Pourquoi attendre alors pour faire le bien, pour aller enfin me réconcilier avec … ? 
Et au final, pourquoi attendre pour faire la paix avec Dieu ? Notre destin éternel dépend de nos choix d’aujourd’hui. 
« A quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd sa vie ? » dit Jésus. 

Cette vie, Dieu veut nous la donner lui-même, « abondante », éternelle, par Jésus-Christ. 
Il est mort, lui aussi, à notre place, mais il est ressuscité, et si nous lui accordons notre confiance, il va faire mourir la mort en nous, dès cette vie, peu à peu ! 

d. Bien compter nos jours, enfin, c’est vivre chaque instant avec Dieu. 

Voilà comment Dieu veut nous combler, nous « rassasier », comme le demande justement Moïse dans ce psaume. 
« Rassasie-nous dès le matin de ta fidélité, nous crierons de joie durant tous nos jours ».
« Rassasie nous chaque matin » : Rassasie-nous, comble-nous ! Nous avons faim de bonheur, n’est-ce pas ? 

En se faisant homme, en vivant notre temps et notre existence et en mourant pour nous, Dieu a prouvé que son désir le plus profond était de nous « rassasier » de vie ! 
Mais il ne peut le faire vraiment que si nous cessons de vouloir la maitriser, que si nous lui disons librement et sincèrement « oui » jour après jour, pour vivre en paix et être heureux. 

C’est chaque matin, chaque jour que cela se vit avec Dieu.  

« Chaque matin » : ainsi la Parole de Dieu nous invite à déguster cette année 2016 comme un grand calendrier de l’Avent : chaque jour, une petite case, un petit cadeau…


Voilà donc à quoi je voudrais vous encourager en ce début d’année : à ne pas voir cette nouvelle année qui commence comme un grand planning, mais comme une succession de matins, tous nouveaux - autant de cases dans le calendrier, autant de jours à recevoir non comme un dû mais comme des dons d’amour de Dieu. 
Des jours à vivre non dans la peur et l’inquiétude, mais dans la paix de sa présence, dans son amour, à son écoute. 
Il s’agit pour nous de choisir de croire en la puissance de Dieu et en sa capacité à faire surgir du neuf dans notre vie. Oser croire que « chaque matin » il a quelque chose de nouveau - et de beau ! - à nous faire vivre, lui qui nous offre sans cesse de nouveaux commencements, même au cœur des ténèbres.

C’est un beau remède contre l’angoisse du temps qui passe que nous indique ce psaume : se tourner vers Dieu « chaque matin », pour vivre « sous son regard tout au long de nos jours », car c’est un regard d’amour, de miséricorde et de bénédiction, qui nous conduit vers la vie éternelle. 

Chaque jour, retrouver le bonheur simple qu’il y a à se placer dans la prière, dans la douce sécurité de la présence de notre Père éternel. 
Même brièvement, parce qu’il faut partir travailler et préparer les enfants et aussi… 
Juste se poser un instant au moins, et recevoir de Dieu cette journée qui commence. Préserver ce « moment sacré » avec lui. 

Un café, une Bible… une joie profonde à recevoir. 

Si nous cherchons à vivre nos journées dans sa présence, en nous appuyant sur lui, en nous basent sur Sa Parole, nous pouvons en être assurés : il affermira l’oeuvre de nos mains, nous le verrons agir, et sa grâce sera sur nous.

Et même au coeur des plus profondes ténèbres, il nous permettra de trouver encore la joie… en ouvrant les cases de ce grand calendrier de l’Avent : chaque jour comme un cadeau, dans l’attente de la venue de Jésus…

Alors - c’est ma prière ! - pendant cette année 2016 nous pourrons venir à l’Eglise, non pas seulement parce que nous avons peur, que nous sommes faibles, mais aussi pour louer le Seigneur de tous ces cadeaux de vie qu’il nous aura accordés, jour après jour ! 

Voilà une prière pour 2016, individuellement et en Eglise : 
16. Que nous puissions te voir agir, 
et que nos descendants découvrent ta grandeur ! 

17. Seigneur, notre Dieu, accorde-nous ton amitié, 
et donne à nos travaux un résultat durable ; 
oui, donne à nos travaux un résultat durable.
Amen