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Vous y trouverez le texte de mes prédications.
Ces textes sont livrés presque "brut de décoffrage" aussi : soyez indulgents ! Ils sont souvent circonstanciels, sans grande prétention théologique.
Mon souhait est simplement qu'ils puissent alimenter, même modestement, votre méditation de la Bible et qu'ils attisent votre appétit de cette Parole vivante, inépuisable, que Dieu adresse à chacun d'entre nous.

lundi 16 novembre 2015

Prédication du 15 novembre 2015 Actes 8.26-40 « Qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? » [Culte de baptême]





Dans quelques minutes nous auront la joie d’assister au baptême de X.
Ce sera une belle étape, sur un chemin de foi déjà bien entamé. C’est l’occasion pour X de dire brièvement comment Dieu l’a rejoint et l’a appelé(e) à lui.

Pour éclairer un peu ce qui va être vécu à travers ce baptême, je voudrais méditer avec vous un autre récit de vie. Celui d’un homme que pourtant rien ne prédisposait à rencontrer le Dieu de Jésus-Christ, et qui va pourtant le découvrir, sur une route, dans le désert. 

Cela s’est passé au premier siècle, dans les premiers temps qui ont suivi la mort et la résurrection de Jésus-Christ. 

Nous lisons dans la Bible, dans le livre des Actes (8.26-40).

Lecture 

« Console-toi, écrivait Blaise Pascal. Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais déjà trouvé ».
Cette pensée résonne bien avec l’histoire de cet homme qui cherchait Dieu, mais que Dieu vient ici retrouver, par l’intermédiaire de Philippe. 

On le voit, la demande de baptême finale est le fruit de la rencontre de deux trajectoires : celle de L'Ethiopien, et celle de Philippe. 

C’est Dieu qui orchestre la rencontre, pour donner à l’Ethiopien ce qui lui manquait pour comprendre « la bonne nouvelle de Jésus » ; l’homme pose alors cette question clé : « Qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? ». 

Cette question, X, tu as dû te la poser, sans doute ! Qu’est-ce qui empêche… ? 
Pour l’Ethiopien, la réponse est rapide ! Pas de grande préparation au baptême ! 

C’est que le chemin de foi de cet homme était déjà bien entamé, et qu’il ne restait plus grand chose pour « empêcher » cet engagement du baptême. 

En matière de foi, voilà quelqu’un de motivé : son « Ethiopie » est en fait le Soudan, au sud de l’Egypte. Quelques milliers de kilomètres à parcourir en char, tout de même. 
Et pourquoi un tel voyage ? « pour adorer ». Cet homme cherche Dieu. C’est un eunuque, c’est-à-dire à la base un homme castré - à l’époque, de nombreux dignitaires l’étaient aussi, comme ça, n’ayant pas de descendance, ils avaient moins de prétentions sur le trône. Un homme instruit, puissant, administrateur des biens de la reine. Mais cette opulence ne suffit pas à étouffer une faim plus profonde. Faim de sens. On peut deviner aussi une souffrance liée à sa stérilité. C’est sans doute un homme qui s’interroge sur lui-même, et sur la vie. 
Et ce qu’on lui a dit sur ce Dieu qui s’est révélé à Jérusalem a suffi pour qu’il vienne voir de lui-même. 
Cet homme cherche Dieu. Pourtant il n’est pas juif comme ceux qui vont au Temple de Jérusalem. Mais pour Dieu, c’est le coeur qui importe : il voit la soif, les souffrances, les besoins, les questions, et à travers la rencontre avec Philippe, il va apporter à cet homme ce dont nous avons tous besoin pour avancer vers lui : le témoignage des Ecritures, l’aide des frères pour la comprendre, le support de signes comme le baptême, et l’inspiration du Saint Esprit. 

L’aide d’un frère, d’abord : 

« L’ange du Seigneur dit à Philippe : … »
Etonnante affirmation. C’est sans doute Philippe qui a le premier dit de cette façon comment l’idée de se rendre sur cette route dans le désert, (en plein midi !) lui était venue. Une inspiration mystérieuse, peut-être juste une intuition, ou une idée soudaine, qui sait. Le fait est qu’il arrive au bon moment pour donner la parole qui était nécessaire, sans rien forcer, sous la forme d’une interrogation ouverte : « comprends-tu ce que tu lis ? ». 

Sur ton parcours, X, il y a eu sans doute des Philippe, placés là par Dieu au bon moment. Des témoins parfois même pas conscients de ce qu’ils t’apportaient, des jalons. 
Dieu t’a cherché avant que tu ne le cherches, et il a encouragé au fur et à mesure cet intérêt que tu lui portais, pour te conduire plus près de lui. 

Pour nous tous, c’est un encouragement. C’est beau de se rappeler que Philippe n’est pas un apôtre important. Au départ, il a été choisi… pour servir à table - mais il était déjà reconnu comme quelqu’un de profond, rempli du Saint-Esprit, plein d’humilité et d’intérêt pour les autres. 
Et c’est cela qui a permis que Dieu l’utilise pour faire du bien aux autres. De la même façon, il nous demande simplement d’être humbles, disponibles, et à son écoute - pour le reste, c’est lui qui agira. 

Le témoignage des Ecritures

Ce jour-là, il agit, et organise ce covoiturage spirituel dont l’enjeu premier est la compréhension d’un texte du prophète Esaïe.
L'Ethiopien est en train de lire (à haute voix, comme on le faisait à l’époque) un passage du qui parle d’un homme qui s’est laissé « mener à l’abattoir », sans résister.

Ces paroles se trouvent dans la section d’Esaïe qu’on appelle le « chant du serviteur », qui annonce la venue d’un homme dont la mort amènera le salut, la guérison de tout un peuple. Un homme qui « supportait les maladies qui auraient dû nous atteindre, subissait la souffrance que nous méritions ». 
« Il a subi notre punition, et nous sommes acquittés ;
il a reçu les coups, et nous sommes épargnés.
6Nous errions tous ça et là
comme un troupeau éparpillé, c'était chacun pour soi.
Mais le Seigneur lui a fait subir
les conséquences de nos fautes à tous ». (Esaïe 53.4) 

A noter aussi que le même passage d’Esaïe évoque précisément… les eunuques ! Dieu promet : « si un eunuque … choisit de faire ce qui m'est agréable, s'il se tient à l'engagement que j'attends de mon peuple, 5alors je lui réserverai, sur les murs de mon temple, un emplacement pour son nom. Ce sera mieux pour lui que des fils et des filles.»

Tout cela n’a pas manqué de toucher cet homme, et peut-être est-ce pour cela qu’il est venu jusqu’à Jérusalem, pour plaire à Dieu et s’approprier cette espérance.
Mais les questions légitimes qui le travaillent vont permettre aussi à Philippe d’expliquer comment cette prophétie s’est réalisée en Jésus, peu de temps avant, à Jérusalem justement.  

Ce que le texte nomme « la bonne nouvelle de Jésus-Christ ». 

Ce qui s’est passé, c’est que « Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. Ainsi, tous ceux qui croient en lui ne se perdront pas loin de Dieu, mais ils vivront avec lui pour toujours. » (Jn 3.16).

Le Nouveau Testament dit aussi que : « Dieu rend les hommes justes à ses yeux par leur foi en Jésus-Christ. Il le fait pour tous ceux qui croient au Christ, car il n'y a pas de différence entre eux : 23tous ont péché et sont privés de la présence glorieuse de Dieu. 24Mais Dieu, dans sa bonté, les rend justes à ses yeux, gratuitement, par Jésus-Christ qui les délivre du péché. 25-26Dieu l'a offert comme un sacrifice afin que, par sa mort, le Christ obtienne le pardon des péchés en faveur de ceux qui croient en lui ». (Romains 3.22)
tout me donner par Jésus. 

Voilà ce que Philippe explique à l’Ethiopien. Alors, éclairé, celui-ci demande : « qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? ». 
Dans cette question, on devine déjà la réponse, et le fait que cet homme a compris l’essentiel de l’Evangile, de la Bonne Nouvelle : qu’est-ce qui empêche qu’il entre dans cette nouvelle relation avec Dieu, cette nouvelle vie ?
Du point de vue de Dieu, rien. Tout est accompli en Jésus-Christ. Voilà la Bonne Nouvelle dont le baptême est le signe visible. 
Quelqu’un me disait un jour : je me ferai baptiser quand je ne pécherai plus. Mais le baptême dit au contraire : je ne mérite rien, mais je crois que Dieu veut

Le baptême est un signe 

Ce baptême n’a donc aucune valeur en lui-même - s’il n’y a pas la foi. Il n’est pas non plus un aboutissement mais un jalon. 
Car il est le signe visible de quelque chose qui s’est déjà passé - une conversion. Une naissance à la lumière, à la foi, à une vie nouvelle centrée sur le Christ. Le baptême évoque cela, par son mouvement de mort (immersion) et de résurrection. En étant baptisés nous sommes associés à la mort et à la résurrection de Jésus de Nazareth. Nous disons notre entrée dans une vie nouvelle, vécue sous le signe de l’amour de Dieu et du prochain. 
Après son baptême, voilà notre Ethiopien qui se retrouve séparé de Philippe, et retourne chez lui. Peut-être qu’extérieurement rien ne va vraiment changer pour lui. A-t’il cessé d’être intendant de la reine ? Ce n’est pas dit. 
Mais tournant le dos au Temple, au système religieux, à tout ce qui nous fait croire que Dieu se mérite, il continue maintenant sa route d’une façon toute nouvelle - en s’appuyant maintenant sur l’amour de Dieu pour lui - un amour qui se manifestera à chaque instant de sa vie, par la présence bienfaisante de Jésus Christ en lui, avec lui.
Pour toi aussi, X, la route continue. Tu ne sais pas où ton char va t’emmener ! - Mais Dieu le sait, et il a de belles choses en réserve pour toi. 
Et comme cet homme qui repart vers son pays, tout joyeux, il t’invite aussi à continuer avec lui, guidé par la joie, qui est le signe que l’Esprit de Dieu est à l’oeuvre dans une vie.   

Qu’ainsi Dieu t’accompagne dans la suite de ton parcours, qu’il t’apprenne à le voir à l’oeuvre, dans ta vie, et qu’il t’aide à écouter ce qu’il voudra te dire, à travers la Bible. Dans tout ce que tu vivras, il sera là. Il est déjà là. 
Je finirai par des paroles de Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, que j’adapte un peu pour qu’elles soient pour toi comme des paroles de bénédiction : 
« Dans l'union avec le Christ et par notre foi en lui, nous avons la liberté de nous présenter devant Dieu avec une pleine confiance. (…)
14C'est pourquoi je me mets à genoux devant Dieu, le Père, 15dont dépend toute famille dans les cieux et sur la terre. 16Je lui demande que, selon la richesse de sa gloire, il fortifie ton être intérieur par la puissance de son Esprit, 17et que le Christ habite dans ton cœurs par la foi. Je demande que tu sois enraciné et solidement établi dans l'amour, 18pour être capable de comprendre, avec l'ensemble du peuple de Dieu, combien l'amour du Christ est large et long, haut et profond. 19Oui, puisses-tu connaître son amour — bien qu'il surpasse toute connaissance — et être ainsi rempli de toute la richesse de Dieu ». (D’après Ephésiens 3.14-19)


Amen. 

mercredi 4 novembre 2015

Prédication du 25 octobre 2015 - Luc 12. 1-7 « Savoir que Dieu m’aime sans condition me permet d’être honnête dans ma façon d’être ».




Cette semaine, je feuilletais un magazine grand public consacré à la psychologie lorsque quelque chose m’a frappé : sur les 20 premières pages, la moitié étaient consacrées à des publicités pour des produits de beauté et accessoires de mode - crèmes, lunettes, vêtements…- et pour des voitures dont on vantait le look valorisant. 
Conclusion ? Ceux qui achètent des tels magazines veulent peut-être prendre soin de leur être intérieur, pourtant il semble bien que l’apparence reste première dans leurs 
préoccupations ! Qui ne soigne pas son image dans ce monde de paraître, me direz-vous ? Certes. 
Mais ici, c’est comme si l’essentiel - le coeur, pour faire simple- devait absolument être gardé caché, bien protégé derrière les masques désignés par la société. 
« Pour vivre heureux, vivons cachés », dit la formule. Cachés ou… enfermés ? Est-ce qu’on ne court pas le risque, ici, de mener une vie de faux semblants
Le risque est réel, et c’est pourquoi Jésus attaque de front le sujet, avec des mots qui tranchent, car notre salut même pourrait bien être en jeu dans cette histoire…

Luc 12. 1-7

Ici, Jésus parle devant une grand foule (« par milliers ») ; mais comme aujourd’hui, combien ne sont attirés que par le spectacle distrayant qu’offre cet orateur galiléen ? Aussi Jésus s’adresse-t’il d’abord à ses disciples, parce qu’il veut les amener, eux, au delà des apparences, pour qu’ils puissent accueillir l’amour de Dieu avec un coeur sincère, et en vérité. 
Voilà pourquoi il les avertit : « Gardez vous du levain des Pharisiens ». 

Pourquoi le levain ? A cette époque où chacun faisait son propre pain, l’image était évidente. Le levain - la levure-  c’est un petit ingrédient, qu’on ne voit pas quand il est mélangé à la farine, mais qui agit sur l’ensemble de la pâte, insidieusement. Le levain des Pharisiens, c’est leur enseignement, leur état d’esprit qui peut agir de la même façon, comme une influence négative.
« Un peu de levain fait lever toute la pâte », dit Jésus ailleurs. 

Mais pourquoi précisément les Pharisiens ? Quel est le problème avec eux ? 
On fait vite d’eux les « vilains » de l’histoire, mais à l’origine, ils sont sincèrement attachés à la parole de Dieu révélée à Moïse… malheureusement ils ont glissé peu à peu, le levain du légalisme a agi d’abord en eux avant de contaminer les autres : vouloir atteindre Dieu par plus de bonnes oeuvres, plus de prière et d’efforts, un respect toujours plus strict de la loi divine : ainsi les Pharisiens ajoutaient des règles précises, et en grand nombre, à la loi de Moïse, jusqu’à rendre la vie des juifs impossible. Jusqu’à oublier que Dieu ne se révèle pas à ceux qui construisent des tours de Babel pour l’atteindre, mais aux petits, aux humbles, qui se laissent trouver par lui.

Pour Jésus, ils sont hypocrites. En grec, l’hypocrite c’est celui qui porte un masque, qui donne de lui-même une apparence non conforme avec ce qu’il est.  C’est ce qu’ils font. Ils cherchent à paraître sages aux yeux des autres et à leurs propres yeux, tout en méprisant la vérité et de la justice. 
Hypocrites, malhonnêtes avec eux-mêmes aussi : en effet, comment tenir cette position de super croyant si on ne refuse pas, à un moment, de regarder en face ses propres péchés et dérapages ? Il y a de la fausseté, dans cette habitude de dire une chose et de faire le contraire, sans vouloir reconnaître cette incohérence devant Dieu. En somme ils ne se rendent plus compte qu’ils sont de simples humains, pécheurs et imparfaits - impuissants sans la grâce.
Un tel « levain » d’orgueil pouvait facilement faire gonfler aussi les disciples, pas loin de se croire un peu au dessus du lot, grâce à leur relation privilégiée avec Jésus. (ils tombent là dedans plusieurs fois).
Mais en les mettant de garde, Jésus ne redit pas simplement quelque chose que tout le monde sait : « l’hypocrisie, c’est mal ». Sous son regard nos mécanismes intérieurs sont mis à nus, et il sait combien une telle disposition de coeur fait obstacle à la grâce de Dieu. En effet, comment accepter cette grâce si nous nous persuadons que tout va bien, merci, et que nous n’avons besoin de rien, on gère, allez plutôt sonner chez le voisin, lui il a vraiment besoin de la grâce de Dieu ? 
« Sans moi, vous ne pouvez rien faire », dira Jésus à ses disciples. 

Jésus travaille à faire entrer cette vérité dans le coeur des disciples, avec amour, douceur et patience. Il sait qu’il nous est difficile d’accepter cela. Il sait que nous nous défendons contre le dévoilement de notre vraie nature et de notre impuissance - la suite du passage le montre. Jésus y met en scène des hommes parlant dans l’ombre, dans des caves ; des hommes dont les véritables pensées sont tenues à l’abri du regard des autres, des hommes qui redoutent d’être mis à nu et vus tels qu’ils sont. Qu’ont-ils ainsi murmuré dans les caves ? Sans doute des choses qui ne les glorifient pas vraiment…
Dans la Genèse, Adam qui vient de désobéir à Dieu essaye d’échapper au regard de Dieu en se cachant avec Eve dans un buisson, « au milieu des arbres du jardin » (Gn 3.8). « J’ai pris peur parce que j’étais nu, et je me suis caché » (Gn 3.10).
Cette nudité, c’est à la fois la vérité de ce que nous sommes, et notre fragilité. Il est naturel de protéger cela, car le regard des autres peut faire très mal : pour les disciples de Jésus, il peut conduire à la mort : « ne craignez pas ceux qui tuent le corps ». Pour ces disciples, se déclarer ouvertement pour Jésus, être vus comme ses disciples c’était courir le risque d’avoir de gros ennuis. Mais ne pas le faire, c’était aussi se couper de ce qui les animait vraiment, comme Pierre l’a fait en reniant Jésus, parce qu’il a eu peur d’être vu comme un des siens. Il s’est alors coupé de l’amour de Christ - et ça fait mal. 

Ainsi donc, la cible de Jésus ici c’est cela : une certaine « hypocrisie », même pas volontaire, par laquelle on croit garantir notre sécurité affective. Cacher ce qu’on est vraiment. Pour gagner et garder l’estime, voire l’admiration des autres. 
Si les autres savaient comment je suis réellement, ils ne voudraient plus de moi. Et c’est bien possible, hélas ! 
Les manifestations sont variées : par exemple, réarranger la vérité pour éviter d’avoir tort. « Le terrain était lourd, le ballon n’était pas homologué ». 
On peut aussi s’attacher les autres en jouant le miroir de leurs opinions, ou en employant les bonnes phrases, les gestes appropriés - sans que le coeur y soit. Et cela peut faire aussi du mal à la vie d’Eglise. 
Ca peut être juste répondre « oui, avec plaisir » à une sollicitation quand  tout notre être dit non. A long terme, ce n’est pas sain. 
Mais c’est aussi le piège qui peut se refermer sur tout chrétien que les autres considèrent comme « sage », et qui ne se sentant plus libre d’avouer ses doutes et ses faiblesses de peur de décevoir, se retrouve seul à lutter contre ses péchés - au risque de tomber d’encore plus haut un jour. On peut alors se sentir obligé de faire état de qualité qu’on n’a pas, mais un jour ou l’autre, le vernis craque et la vérité se fait jour.

A force de se protéger, on s’enferme. A force d’avancer masquer, on a du mal à retrouver son vrai visage. On peut ainsi s’habituer à son péché, à ses faux semblants, et s’y enfermer doucement comme l’ont fait les Pharisiens.
Mais heureusement, ce Dieu qui dès l’origine est venu chercher Adam dans sa cachette, est venu en Jésus pour « annoncer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, proclamer une année d’accueil par le Seigneur » (Luc 4). 
Le voilà qui ouvre la porte de la prison dans laquelle le mensonge nous enferme si facilement, le voilà qui ouvre nos yeux sur ce que nous sommes vraiment, afin que nous puissions nous découvrir dans le même temps accueillis par Dieu comme nous sommes, pardonnés et aimés inconditionnellement.

Oui, voilà comment Jésus opère ici. 
D’abord, il ouvre la porte, et fait entrer la lumière de Dieu dans nos ténèbres. Oui, Dieu sait tout. Oui, tout ce qui se dit dans le secret sera connu, et tout cela sera jugé au dernier jour, par un Dieu parfait et tout puissant. 
Mais dans le même temps, il nous rassure, nous pauvres humains affolés d’être soudain mis à nus devant la perfection divine, comme des biches prises dans un faisceau de phare : « soyez sans crainte, vous valez mieux que tous les moineaux ».
Notre valeur est assurée aux yeux de Dieu. Pas besoin de nous protéger. Nous sommes accueillis, dans la vérité - parfois triste, c’est vrai, parfois peu glorieuse - de ce que nous sommes. 
« Soyez sans crainte. », « ne craignez pas ceux qui tuent le corps… ». La crainte est omniprésente dans ce passage : crainte des hommes qui paralyse, ou crainte/respect de Dieu qui met en route.
Dieu me connaît parfaitement, Il entend ce que je dis dans ma cave [Ps 139] et pourtant il m’aime.
Et pourtant il m’a aimé jusqu’à donner son Fils pour me ramener à lui. 
Je n’ai pas besoin de me cacher. Je ne peux pas le décevoir. Ma valeur est assurée, elle repose tout entière en Christ. 
C’est que, comme le dit Jacques Philippe, « Dieu est « réaliste » : « La personne que Dieu aime avec la tendresse d’un Père, ce n’est pas la personne que j’aurais aimé être, ou que je devrais être. C’est celle que je suis, tout simplement. Dieu n’a pas d’amour pour des personnes « idéales », pour des être « virtuels ». Il n’a d’amour que pour des êtres réels, concrets. Il ne s’intéresse pas aux saints de vitrail, mais aux pécheurs que nous sommes »

Et devant Jésus qui parle, ce jour là, se tient la troupe des disciples dont beaucoup finiront sur des vitraux, dans les églises ! Mais il les connaît comme ils sont. Pierre qui va le renier et qu’il a pourtant choisi pour fonder son Eglise. Jacques et Jean qui voudront siéger à sa droite et à qui il enseignera le service.  …

Ce qui va permettre à ces hommes de résister au levain des Pharisiens, pour au contraire laisser pousser la graine de l’Evangile en eux, c’est d’abord ce regard d’amour et de grâce que Jésus pose sur eux, jour après jour. Cet amour inconditionnel qu’ils perçoivent même quand Jésus les secoue et se fait plus incisif. 

De même, seul le regard d’amour de Dieu posé sur nous peut nous permettre de sortir de nos buissons. Dieu sait tout, et un jour, dit Jésus, tout sera démasqué. Mais si nous lui accordons notre confiance, nous ne serons jamais jetés dans la géhenne, loin de sa présence, même au jour du jugement dernier.  

D. Bonhoeffer disait ceci : « Voici que la grâce de l’Evangile, si difficile à comprendre aux gens pieux, nous met en face de la vérité et nous dit : tu es un pécheur, un très grand pécheur, incurablement… mais tu peux aller, tel que tu es, à Dieu qui t’aime. Il te veut tel que tu es, sans que tu fasses rien, sans que tu donnes rien, il te veut toi-même, toi seul… Dieu est venu jusqu’à toi, pécheur, pour te sauver. Réjouis-toi ! En te disant la vérité (sur toi-même), ce message te libère. Devant Dieu, tu ne peux pas te cacher. Le masque que tu portes devant les hommes ne sert à rien devant lui. Dieu veut te voir tel que tu es pour te faire grâce. Tu n’as plus besoin de te mentir à toi-même et de mentir aux autres en te faisant passer pour sans péché »

Parvenus à ce point de notre méditation, vous mesurez sans doute la difficulté de ce travail de « dévoilement », de vérité sur nous-mêmes.
Certainement, nous y résistons !! Mais Dieu nous demande simplement de le laisser s’occuper de nous, de consentir à son travail en nous. De lui faire confiance. 
Il est patient ! Il lui faudra parfois notre vie entière pour venir à bout de certaines résistances, mais nous pouvons déjà lui dire : « me voici ! », et lui demander de nous rendre réceptifs à ce qu’il voudra nous dire, nous montrer. 
Et en pratique, il y a trois choses qui peuvent vraiment nous aider à faire face à nos faiblesses et nous aider à nous placer en vérité sous le regard de notre Père céleste : 

D’abord, méditer la Bible bien sûr, nous regarder dans « ce miroir » parfait. Je ne sais pas quelle version vous avez, mais dans la mienne, il n’y a pas une seule publicité pour les cosmétiques, au contraire !  Elle m’apprend à m’en passer, à oser me présenter devant Dieu en vérité. 
Pour apprendre à se voir comme l’on est, prendre aussi le temps, régulièrement, de revenir sur notre journée dans la prière, - dans la présence de Dieu « comme un ami parle à son ami », en essayant de nous voir en vérité, tels que nous avons été. Savoir que Dieu nous aime sans condition nous permet d’être honnêtes dans notre façon d’être, et de demander simplement pardon ou merci pour ce qui apparaîtra. 

Ensuite, nous avons aussi besoin du regard de la grâce, posé sur nous par l’intermédiaire de frères et de soeurs parfois.  
En pratique : commencer par enlever notre masque devant un chrétien en qui nous avons confiance, lui avouer ce qui nous enferme - pouvoir dire notre péché, notre dilemme, notre situation, à quelqu’un qui ne le répétera pas, mais pourra prier avec nous, nous aider à demander pardon à Dieu. 
Dans le même temps, nous pouvons offrir aux autres ce regard d’accueil inconditionnel qui leur permettra à eux aussi de s’ouvrir à l’amour de Dieu, d’avancer vers Dieu. 

Témoignage perso : responsable du groupe de jeunes alors que pas chrétien. Peur de décevoir. 

Que nous puissions tenir bon, et persévérer dans la prière, pour chercher ce regard de Dieu posé sur nous. 
Citation de J. Philippe : « C’est le regard le plus pur, le plus vrai, le plus tendre, le plus aimant, le plus rempli d’espérance qui existe au monde. (…) le plus grand cadeau que reçoit celui qui cherche le visage de Dieu en persévérant dans la prière est qu’un jour ou l’autre il percevra quelque chose de ce regard divin posé sur lui, il se sentira si tendrement aimé qu’il recevra la grâce de s’accepter lui-même en profondeur »

Amen. 


Prédication du 8 octobre 2015 : Pierre, façonné par Dieu

Prédication du 8 octobre 2015
Pierre, façonné par Dieu…


Comme un potier, Dieu nous façonne, avec patience… S’il y a quelqu’un qui a été façonné, pétri même par Dieu, et changé par sa rencontre avec Jésus, c’est bien l’apôtre Pierre.
Pierre, fougueux pécheur de Galilée, « débauché » un jour par Jésus, devenu apôtre, puis auteur des deux épîtres que nous connaissons aujourd’hui…  quel parcours !!
Son histoire est celle, mouvementée, d’un homme que Jésus a appelé pour vivre avec lui, mais aussi pour devenir comme lui – que dans cette relation il soit façonné peu à peu, jusqu’à ressembler toujours davantage à son maître.
Les sculpteurs savent qu’il y a des matériaux qui résistent plus que d’autres – mais que ce sont souvent les meilleurs ! De même, Pierre a beaucoup résisté au travail de Dieu en lui ; résisté par son caractère, par ses désirs, par son manque d’écoute.
Mais Dieu est patient. Et la façon dont il a oeuvré en Pierre pour le faire entrer dans un accord profond avec lui, est remarquable.
Voilà pourquoi je voudrais évoquer avec vous, en trois étapes, le parcours de cet homme, parce qu’il nous apprend beaucoup sur notre propre parcours, et sur ce que Dieu veut faire avec nous.
Rassurez-vous, nous nous attarderons un peu plus sur le premier texte pour aller plus vite ensuite.
Première étape : Pierre entre accord et désaccord avec Jésus. 
Matthieu 16.13-23 (NBS)
Jésus, parcourant la Galilée, demande un jour à ses disciples : « pour vous, qui suis-je ? ». Le premier à répondre, c’est Pierre bien sûr.
16Simon Pierre répondit : Toi, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. 17Jésus lui dit : Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ! 18Moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je construirai mon Eglise, et les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle. 19Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. (…)
21Dès lors Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et se réveiller le troisième jour. 22Pierre le prit à part et se mit à le rabrouer, en disant : Dieu t’en préserve, Seigneur ! Cela ne t’arrivera jamais. 23Mais lui se retourna et dit à Pierre : Va-t’en derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une cause de chute, car tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains.
Etonnant contraste dans ces deux échanges entre Jésus et Pierre. Celui-ci vient de déclarer, sous l’action du Saint-Esprit, que Jésus est le Christ. Sur cette confession, Jésus par un jeu de mot lui annonce qu’il bâtira son Eglise sur lui, avec une grande responsabilité : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ! ». Bel accord entre le Seigneur et Pierre. Jésus voit déjà dans le matériau encore très brut qu’est Pierre la belle oeuvre à venir.
Et puis immédiatement après, voilà Pierre qui s’oppose frontalement à Jésus !
Le désaccord est très marqué : Pierre le « rabroue », lui fait des reproches : « comment peux-tu dire ça, allons ! Ca ne t’arrivera pas ! ». On entend presque, dans ses paroles, un « cesse d’être pessimiste, voyons, qu’est-ce qui t’arrive » un peu infantilisant.
C’est que la foi de Pierre est encore balbutiante. Il est encore plein de lui-même, et commence tout juste à comprendre qui est Jésus. Comment lui en vouloir ?
Et puis, comme les juifs de son temps Pierre attend un Messie glorieux, vainqueur. C’est ce qu’il a compris du message des prophètes. Du coup, il refuse d’écouter quand Jésus lui annonce qu’il doit « souffrir beaucoup » et être tué. « Cela n’arrivera pas !».
Enfin, sa réaction est inspirée par l’affection, ses intentions sont généreuses ; il croit aider Jésus. Son côté entier et sa franchise sont de réelles qualités –  mais encore pleines de grumeaux, et mêlées d’orgueil. Il n’a pas appris à se méfier de ses propres intuitions et ne cherche pas à faire la différence entre ce qui vient de Dieu, comme sa confession de foi, et ce qui vient de lui-même – ou pire, du diable !
Voilà pourquoi, en croyant servir les intérêts de Jésus, en voulant « sauver le sauveur », il se fait l’agent de Satan, sans s’en rendre compte : « va t’en derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une cause de chute (un skandalon), car tu ne penses pas comme Dieu mais comme les humains » (v.23).
Il est important de comprendre que Jésus est réellement tenté ici, tenté d’échapper à la souffrance qui l’attend, tenté de reculer et de s’opposer lui aussi au plan de Dieu ! Satan essaie plusieurs fois de le faire dévier, et jusqu’au bout Jésus a dû repousser la tentation, apportée ici par ce Pierre pour qui il a tant d’affection, et à qui il se voit contraint de dire : «Arrière de moi, Satan » !
Voilà qui est dur à entendre !
Pauvre Pierre ! Comme il a du se sentir mal quand il s’est rendu compte de ce qu’il était en train de faire !
Mais dans sa grâce, Jésus qui l’a appelé ne le rejette pas : ces mots claquants visent à le façonner, justement ; c’est que le désaccord vient d’une mauvaise orientation de sa pensée, de son coeur : « tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains ».
C’est un appel à la conversion, qui est, dans la Bible, littéralement le retournement de tout notre être intérieur vers Dieu – comme le tournesol s’oriente vers le soleil.
Pour être converti, Pierre a besoin d’être d’abord confronté à la réalité de son coeur mêlé. Il doit apprendre à écouter la voix de Jésus, et aucune autre.
C’est un avertissement pour nous, qui pensons souvent comme notre époque que la sincérité ou la pureté des intentions justifient tout. Vouloir agir pour Dieu, c’est bien, mais restons modestes, et tachons avant tout de discerner si nos pensées sont en accord avec la volonté de Dieu, et avec Sa Parole. Si nous ne sommes pas en train de penser comme des humains, et pas comme Dieu.
Cette « capacité de reconnaître, parmi toutes les voix multiples et discordantes qui se font entendre à l’intérieur de nous-mêmes, la voix unique et reconnaissable de Jésus »(1), c’est ce que Pierre va acquérir peu à peu dans sa relation avec Dieu – la tradition chrétienne appelle ça le « discernement ». Jésus a promis que ce sens nous ferait donné progressivement par l’Esprit (Jean 10.4-5) : « lorsqu’il a fait sortir ses moutons, le berger marche devant eux. et les moutons le suivent, parce qu’ils reconnaissent sa voix », et qu’ils ont confiance, parce qu’il les aime et les conduit vers la vie.
La suite de l’histoire nous montre que Pierre a grandi dans ce domaine,
mais que pour ça, il a dû passer par bien des épreuves.
Il a dû traverser la nuit de l’incompréhension quand Jésus est mort.
Il a dû passer par le désespoir de lui même, quand il a renié son maître devant les autres, et par la repentance, sans laquelle notre coeur reste fermé à l’amour de Dieu.
Alors seulement il a pu goûter à la joie de Pâques, et comprendre quel acte d’amour Jésus avait accompli en mourant à sa place sur la croix. Il a pu recevoir le pardon de Jésus, au bord de la mer de Tibériade – et être envoyé vers les autres : « prends soin de mes brebis », lui dit Jésus, et « suis-moi » (Jean 21.18-19).
Tout le long Jésus était là avec Pierre, pour le conduire. Et au fur et à mesure que leur relation s’approfondissait, que Pierre comprenait l’amour et le plan de Dieu pour lui, c’est comme si ses qualités se décantaient, et apparaissaient plus nettement. Un peu comme les diamants apparaissent quand on nettoie la boue qui les recouvre.
Et c’est donc un Pierre déjà bien transformé qu’on retrouve le jour de la Pentecôte. C’est la deuxième étape de ce matin.
Sitôt que les disciples présents ont reçu le Saint Esprit, Pierre est le premier à s’avancer devant la foule de juifs rassemblées, et à prendre la parole pour dire ceci :
« Hommes d’Israël, écoutez ces paroles ! Jésus le Nazoréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a produits par son entremise au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes, 23cet homme, livré selon les décisions arrêtées dans la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le faisant crucifier par des sans-loi. 24Dieu l’a relevé en le délivrant des douleurs de la mort…
Que toute la maison d’Israël le sache donc bien : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié ! ».
Que remarquons-nous ? Voilà maintenant Pierre qui confesse devant tous les Juifs présents ce qu’il contestait peu avant à Jésus en lui disant : « cela ne t’arrivera pas » ! Il a maintenant compris la nécessité du sacrifice de Jésus, et fait aussi allusion au plan éternel de Dieu, auquel pourtant il s’opposait aussi (v.23 : « selon la prescience de Dieu »).
Non seulement il est maintenant capable de comprendre ce que Jésus voulait lui dire, mais en plus ses qualités de leader naturel sont en train de s’affiner, pour faire de lui véritablement la « pierre » sur laquelle Jésus va construire son Eglise.
Rempli de l’Esprit, rendu plus humble par ses diverses expériences, donc plus consentant au travail de Dieu en lui, le voilà qui explique aux autres la pensée même de Dieu ! « Dieu l’a relevé… Dieu l’a fait Seigneur… ».
Et cette convergence entre sa pensée et celle de Dieu va s’approfondir encore jusqu’à la fin de sa vie, comme le révèle la lettre que l’apôtre écrit à Rome, peu avant d’être exécuté lui-même. C’est la troisième étape.
Dès le premier chapitre de la première lettre, on retrouve toutes les lignes esquissées jusque là, mais approfondies, mûries. Pierre parle maintenant avec la sagesse de l’expérience. Comme un guide de montagne expérimenté, il peut se retourner vers les randonneurs moins affermis et leur indiquer où poser leurs pieds pour monter encore.
Le voilà qui résume pour les autres ce qu’il a appris pour lui-même, dans son parcours avec Jésus :
D’abord, soumettre ce qui nous agite, nos voix intérieures, à celle de Jésus.
« Tenez votre intelligence en éveil, soyez sobres et mettez toute votre espérance dans la grâce qui vous sera apportée lorsque Jésus- Christ apparaîtra ».
Quel contraste avec ce qu’il a lui même manifesté autrefois !
« En enfants obéissants, ne vous conformez pas aux désirs que vous aviez autrefois, quand vous étiez dans l’ignorance ».
Ne pas écouter les voix qui nous disent : « tu n’y arriveras pas, regarde comment tu es ».
« Puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite. En effet, il est écrit : Vous serez saints car moi, je suis saint ».
Notre progrès vers la sainteté est le travail de Dieu en nous, pas le nôtre. Et parce que Jésus a donné sa vie pour que cela soit possible, Pierre sait qu’il ne nous laissera pas tomber. « Vous le savez en effet, ce n’est pas par des choses corruptibles comme l’argent ou l’or que vous avez été rachetés de la manière de vivre dépourvue de sens que vous avaient transmise vos ancêtres, mais par le sang précieux de Christ, qui s’est sacrifié comme un agneau sans défaut et sans tache…. Par lui, vous croyez en Dieu qui l’a ressuscité et lui a donné la gloire, de sorte que votre foi et votre espérance reposent sur Dieu ».
On retrouve encore la confession de foi en Jésus-Christ ressuscité, plus détaillée. Avec le temps, Pierre est entré dans une compréhension plus fine de l’Evangile.
Il peut alors témoigner : « vous avez purifié votre âme en obéissant [par l’Esprit] à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère; aimez-vous donc ardemment les uns les autres d’un cœur pur. En effet, vous êtes nés de nouveau, non pas d’une semence corruptible, mais d’une semence incorruptible, grâce à la parole vivante et permanente de Dieu (…) la parole du Seigneur subsiste éternellement. Cette parole est justement celle qui vous a été annoncée par l’Evangile ».
Quand il écrit ces lignes, Pierre est vivant, profondément vivant ; il sent la vie de l’Esprit en lui, cette « semence incorruptible » par laquelle Dieu travaille doucement à le rendre saint, pleinement accordé à lui !
Et il peut témoigner dans sa propre vie de la fidélité du Dieu qui l’a appelé à la vie. Il a vu comment l’Esprit avait produit en lui son fruit : fruit de paix, de joie, d’amour, de communion, d’humilité. Il a appris a contrario « qu’une inspiration qui vient de nous-mêmes ou du démon sera stérile, voire portera des fruits négatifs : tristesse, confusion, amertume, orgueil »… Exactement ce que Pierre a expérimenté face à Jésus. Désaccord, fausses notes, amertume.
Voilà l’histoire de Pierre, et elle peut résonner très fort avec la nôtre. Car Jésus nous adresse à chacun cet appel : suis-moi. J’ai donné ma vie pour toi, pour que tu puisses demeurer dans mon amour pour la vie éternelle.
Allons-nous résister à cet appel, ou consentir à nous laisser conduire, et façonner ?
Bien sûr, la perspective d’être façonné peut faire peur ! Où Dieu veut-il m’emmener ?
Mais l’exemple de Pierre montre qu’avec Dieu, façonné ne veut jamais dire « formaté » ; il s’agit plutôt d’être « sublimé » par l’amour de Dieu pour pouvoir à notre tour aimer et produire de belles choses.
Pour finir, j’ai pensé à ce que disait un grand homme de la spiritualité chrétienne : « Très peu de gens réalisent ce que Dieu ferait d’eux s’ils s’abandonnaient entre ses mains et se laissaient transformer par sa grâce ». Il disait aussi : « Un tronc d’arbre, brut et informe, ne croirait jamais qu’il puisse devenir une statue, le chef-d’œuvre de la sculpture; voilà pourquoi, s’il était libre, il n’irait jamais se mettre de lui-même sous le ciseau du sculpteur qui voit, dans les intuitions de son art, ce qu’il en peut faire »(2).
Que nous puissions, chacun, nous laisser transformer par la grâce de Dieu, pour qu’il fasse de nous de belles oeuvres d’art !
Amen
Sylvain Guiton

Prière : 

Seigneur, 
Peut-être Ta Parole nous a-t-elle touchés ?
Ou laissés indifférents ?
Ou consolés ?
Ou incités à agir d’une nouvelle manière ?
Par ton Esprit, accorde-nous d’être ouverts à ce que tu veux nous exprimer. 
Nous te demandons la grâce de nous laisser toucher et façonner par ton Amour, toi notre Créateur.

Au nom de Jésus, ton Fils
Amen


Chant : comme un souffle fragile. 


Offrande.

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